Je ne sais pas si c’est le recul (en ai-je vraiment un ?), mais j’avoue que je suis complètement abasourdi par les résultats de l’élection canadienne d’hier, et surtout, par les premières analyses que nos chroniqueurs politiques québécois nous ont pondues dans les dernières heures. Les résultats dans un premier temps m’apparaissent catastrophiques. Minoritaires, les conservateurs avaient des attitudes démocratiques qui faisaient peur, majoritaire maintenant, les journalistes n’ont qu’à bien se tenir. Il faudra quelques scandales bien sentis et une opinion publique nettement négative pour que ce gouvernement se garde une petite gêne. L’instinct de survie existe en politique. Quant à la droite sociale (j’ajouterais malheureusement ‘morale’), économique et environnementale, elle aura 5 ans pour s’incruster encore davantage dans notre vie politique. Le Devoir avait fait une série d’articles il y a plusieurs mois pour montrer comment cette droite morale avait été en mesure de prendre racine dans une fonction publique canadienne trop longtemps laissée aux mains des libéraux, le natural governing party. Vous dire que j’ai peur serait un euphémisme… Quant aux oranges maintenant bien installés au Québec, ils me font tout autant peur. J’essaie de m’imaginer la quantité de ‘poteaux’ installés par les néo-démocrates pour faire cette élection perdue d’avance il y a quelques mois, et je comprends qu’on sera représenté par des imbéciles de première. Je le sais j’en ai été. J’ai milité dans le Parti vert du Qc il y a plusieurs années et j’avais posé ma candidature sur le Plateau Mont-Royal. La stratégie est bien connue : tu défends des idées et tu tentes de développer une arme politique pour les faire évoluer, tu présentes des candidats partout, même des poteaux, question de ramasser assez de sous pour continuer ton action politique. J’avoue que si j’avais gagné à cette époque, j’aurais été complètement paniqué à l’idée d’avoir à accompagner la population, les groupes et les entreprises de mon comté dans leur développement. De représenter ces gens-là à l’Assemblée nationale. Je m’imagine donc comment plusieurs de ces néo-démocrates se sentent aujourd’hui. Lâcher la job qu’on aime, déménager à Ottawa et de laisser la petite famille 4 jours par semaine, travailler 6 jours par semaine, piloter des dossiers politiques et stratégiques pertinents pour le comté, … Il ne faut pas chercher longtemps dans notre mémoire pour trouver dans cette victoire néo-démocrate une ressemblance désolante avec l’ADQ d’il y a quelques années. Au moins, Charest était minoritaire … Finalement, j’avoue que les premières analyses de nos chroniqueurs politiques québécois me font tomber sur le cul. Je lis ‘changement de paradigme’, ‘changement profond’, ‘changement radical’, je lis aussi ces analyses d’un renouveau idéologique dans cette réorganisation gauche-droite de la vie politique, ou encore dans cette fracture de la politique canadienne souverainiste-fédéraliste. Un réalignement des astres (désastres…) ! Hallucinant, ça doit être une fatigue accumulée des 5 dernières semaines de campagne. Franchement, c’est un coup de gueule politique comme les québécois ont été capables d’en faire depuis la révolution tranquille (le PQ, le Bloc, l’ADQ et maintenant le NPD). La question maintenant est de savoir combien de temps va durer ce nouvel engouement pour l’homme à la canne et au cancer de la prostate ? L’engouement peut-être durer le temps d’un feu de paille, le problème c’est qu’on sait qu’on en aura pour 4 ou 5 ans à être représentés par ces oranges. Harper lui, n’est pas un feu de paille.