Tchou!
Une volaille tounicotant sans hâte sur une broche et devant un âtre rougeoyant est un spectacle sublime, pour ne pas dire hallucinogène. Un spectacle plein de majesté, de langueur et de mystère, propice à l’émulsion de l’imaginaire et au relâchement de l’âme.
Devant une volaille à la broche, l’humain normalement cérébré a la cafetière qui décolle. Le voilà méditant sur l’existence (de Dieu, de Barry White, de Loana…), rêvassant au cosmos sans fin, inventant des choses inouïes, composant peut-être même un slow baveux promis au faîte des hit-parades.
Si on vous raconte ça, c’est que l’autre jour, le Dr Slurp s’offrant une glandouille pascale dans la pampa quercinoise, tombe nez à nez avec une broche antique, planquée dans un coin de la cheminée. Le genre de belle mécanique vintage mais increvable, qu’il faut remonter à la main tous les quarts d’heure, comme la montre gousset de Tonton Octave.
Branle-bas de combat. Une heure après, l’engin était nettoyé, les braises crépitaient, pendant qu’un beau poulet fermier d’un kilo et demi ne demandait plus qu’à être embroché. Oui, le Dr Slurp peut se montrer impulsif à l’occasion.
Cuisinons maintenant, si vous le souhaitez, un gros poulet à la broche, au citron et au Mauzac, pour apéro méditatif à rallonge.
Videz la bête. Farcissez-lui le tutu avec plein de thym, de romarin, deux gousses d’ail, une giclée d’huile d’olive, sel, poivre. Refermez pudiquement ledit tutu. Oignez ensuite l’animal d’huile d’olive, de jus de citron, sel, poivre. Embrochez-le bien au milieu de la tige. Remontez la mécanique. Installez la broche. C’est parti, mein kiki.
Le processus s’achève d’ordinaire par une mastication voluptueuse quoique - on ne sait trop pourquoi - un brin somnolente.
Bien à vous