Un emploi du temps personnel particulièrement chargé ne m’a pas permis de publier hier mon habituel billet quotidien (au moins…), et je m’en excuse auprès de mes lecteurs assidus. Nul doute toutefois qu’il aurait été consacré à cet événement que tout le monde connaît à présent, ou plutôt que nul n’est sensé ignorer.
L’homme le plus recherché de toutes les polices du monde, et plus particulièrement des États-Unis, et pour cause, est mort et enterré immergé en respectant scrupuleusement le rite musulman, paraît-il. Quelle compassion. (plus de détails sur les modalités de l’opération militaire ici).
Certes, nous n’oublions pas à quel point cet homme fût l’auteur sinon physique du moins spirituel de l’un des événements les plus ignobles de notre début de siècle. Tuer aveuglément des civils innocents, quel que soit le symbole visé de ce que l’on exècre, est d’une violence inexcusable. Le terrorisme est une plaie à éradiquer, c’est un fait indubitable à mes yeux.
Pourtant, je ne sais quoi en moi doute, s’interroge, mécréant que je suis, sans être aussi catégorique qu’Oblomov… Et sans tomber dans l’excès des adeptes paranoïdes de la théorie du complot, que je trouve ridicules, voire malades, il y a quand même quelque chose qui cloche, dans tout ça, Mais je ne parviens pas à définir quoi, précisément…
Toujours est-il qu’entre l’histoire du photomontage confirmée par le sénat lui-même, le mensonge qui a consisté à répandre un peu trop vite l’information selon laquelle Ben Laden aurait utilisé une femme comme bouclier humain, et le fait que rien n’ait pu être observé de la scène de capture, commodément protégée par une enceinte de plusieurs mètres de haut, il y a vraiment de quoi se poser quelques questions… Le fait qu’un habitant de Abbotabad mieux connu sous son nom de scène de ReallyVirtual nous ait apporté via twitter ses propres observations – des hélicos, la chute de l’un d’entre eux, une explosion, des propos de chauffeurs de taxi (le tout est ici) – ne me convainct que de ce qu’il a vu, et entendu, et de rien d’autre.
La propriété où se cachait Ben Laden, près d’Islamabad (Pakistan)
Photo Ithikar Natoli/EPA. (source)
Mais le plus important à mes yeux, par delà la mort de ce symbole du terrorisme international motivé par l’intégrisme religieux¹ (d’où qu’il vienne : on s’en fout, je le combattrais tout pareil), c’est le fait que, contrairement à ce que dit Obama, justice n’a pas été rendue. Pour cela, il aurait fallu organiser un procès, pas un assassinat en bonne et due forme, quelle que soit la monstruosité de ce qui a été commis par ce fou méprisable qui a plusieurs milliers de morts sur la conscience qu’il n’a plus. Et c’est là tout le problème.
Je dois avouer que je suis néanmoins partagé, car organiser un tel événement judiciaire ne peut apparaître qu’éminemment complexe, particulièrement dangereux, voire suicidaire, et relever d’un idéalisme absolu qu’il convient de nuancer par un minimum de pragmatisme. N’aurait-il pas été le prétexte de débordements encore plus importants que ceux qui l’ont vu naître ? Si, malheureusement, on base les critères de sa décision sur le poids de la mort (et c’est triste d’en arriver là…), nul doute que celle d’un seul est préférable à celles de trop d’autres…
En outre, il nous faut également tenir compte de ce que sa nébuleuse, elle, n’est pas morte… Des gens qui sont capables de construire et d’entretenir une propriété d’un million de dollars, dont on ne sait pas d’où ils viennent, pas plus que l’origine des ressources de Ben Laden et de ceux qui l’entouraient, ne doivent pas être traités à la légère. Pourtant, certains préfèrent en rire… Un rire pas toujours de très bon goût cependant.
Suite à la mort de leur chef emblématique, il est probable en effet qu’une guerre de succession se déroule à travers le monde sous nos yeux. Des attentats vont probablement éclater dans els jours qui viennent, et des morts s’ajouter aux morts. Celle de Ben Laden justifiera probablement en tous les cas le retour de mesures de protection encore plus draconiennes que les précédentes dans tous les pays exposés, et sera prétexte à restreindre nos libertés. Que cela se nomme Patriot Act ou plan Vigipirate, qu’importe… pourvu qu’on ait la guerre. En voilà une bonne solution bien habituelle pour assainir une économie mondiale moribonde…
Voilà qui en tous les cas est de nature à redorer le blason d’un homme avant-hier encore terni… notamment par les caricatures assez ignobles du Tea Party. Ce pourrait être heureux pour sa réélection.
Mais je suis mauvaise langue… Après tout, qu’importe. Pourvu que les twitteux soient contents…
Mais allez donc vous faire une idée ailleurs, c’est toujours sain. Ceux qui ont consacré un billet à ce sujet :
Rubin Sfadj
Intox 2007
Ruminances
Ménilmuche
E l Camino
François Hollande
¹ Ou ce que l’on nomme ainsi, les motifs religieux apparaissant à mes yeux davantage comme un prétexte à la concrétisation forcenée et obsessionnelle d ‘une violence refoulée qui, en dehors de la religion, trouverait de totue façon d’autres supprots à sa réalisation