C'est avec beaucoup d'impatience que j'attendais le grand retour sur scène de Sade, ce 1er mai au Sportpaleis d'Anvers,
après dix années d'absence.
La soirée s'annonce excellente surtout qu'en première partie, ô excellente surprise, sont programmés
The Jolly Boys, groupe de mento ( style précurseur du reggae né dans les 50's) jamaïcain dont le
récent album de reprises de standards du rock, "Great Expectation", fut une des bonnes surprises de la fin 2010.
Les fringants septuagénaires, conduits par Albert Minnot, vont en trente minutes faire étalage de tout leur talent et séduire un Sportpaleis sous le
charme évident de ces papys adeptes des guitares acoustiques, banjos, rumbas box, maracas et bongos." It's beautiful to be here !" lance Albert avant
d'attaquer une version d'anthologie du "Passenger" d'Iggy Pop qui enflammera littéralement la salle.
Une prestation formidable qui me laisse hélas un petit arrière goût de trop peu. Avec une telle énergie dégagée par le band j'aurais aimé en voir
plus.
J'espère pouvoir les revoir un jour dans un show complet.
Il est 21h30, lorsqu'un orage éclate en fond de scène. De lourds nuages surplombent les musiciens qui apparaissent dans la pénombre et entament "Soldier of Love". La voix soul de Sade est accueillie par une immense ovation. Vêtue d'une combinaison noire moulante la reine du smooth enchaîne de suite avec " Your love is King" et son saxo plaintif.
"Skin", chante la belle qui ne semble pas avoir pris une ride. Sensuelle, lascive et terriblement classe durant "Kiss of Life", elle ébauchera quelques petits pas de danse pendant "Love is found" tandis que sur l'écran blanc en toile de fond un couple de danseurs effectue un étrange ballet.
Derrière Sade, le band est parfait, royal , et même si nous vivons ce soir ce qui n'est que la deuxième date européenne( la première fut Nice, le 29/04), tout semble parfaitement au point, réglé comme du papier à musique.
"In another time": la belle s'assied près de son claviériste tandis que la scène est baignée dans un halo jaune, puis rouge.
S'ensuit alors le premier gros hit de la soirée avec "Smooth Operator", ville illuminée de nuit, ambiance boites de jazz et chaleur moite.Très réussi.
"Jezebel" nous replonge quelques années en arrière , ambiance black & white servi par un saxo monstrueux. On boit du petit
lait.
" Bring me home", une route défile sur les écrans géants de la salle filmée la nuit au travers de la vitre d'une
voiture...
Ma voisine pousse un soupire d'aise, Sade entonne maintenant son titre préféré "Is it a Crime". Le genre de titre qui donne envie de faire l'amour... Un nappé de rideaux pendants à la romaine et nappés de rouge entourent la scène tandis qu'une poursuite blanche illumine la chanteuse.
"Still in love with you" susurre t-elle tandis qu'un écran lumineux style cabaret de Broadway affiche Sade Live in Antwerpen en lettres rouges.
Classieux.
"All about your Love" précède "Paradise" annoncé par un bruit de pales d'hélicoptère et un riff de guitare sur lequel la belle s'en va rejoindre ses choristes sur leur petit podium. Le public
adore ça et se lève tandis que les backing men assurent le show avec "Nothing can come between us" le temps pour Sade de réapparaître quelques instants plus tard vêtue d'une sensuelle robe crème
en satin.
"Morningbird" émeut la salle en formule piano-voix avant que "King of Sorrow" ne se voit habillé d'un écrin de lumière orangé. Superbe !
"Sweetest Taboo" transformera ensuite la salle anversoise en chaudron avant que "The Moon & the Sky" ne ramène de lourds nuages menaçants sur les écrans.
Chaque titre est un véritable tableau impressionniste très réussi comme dans "Pearls" ou la sobriété d'un cercle de lumière recouvre la scène sur laquelle Sade semble réellement isolée et nous
envoûte par sa voix cajoleuse.
"No ordinary Love" et 'By your side' clôturent alors un spectacle en tous points parfait au service d'une Sade radieuse de bout en bout du show.
En rappel "Cherish the day" verra la chanteuse habillée d'une robe rouge sang s'élever via un élévateur et chanter à plusieurs mètres du sol comme une icône inaccessible et adorée avant de
redescendre lentement vers son public émerveillé.
Une dernière présentation des musiciens, suivie d' un salut collectif et la belle quitte la scène nous laissant quelque peu pantois après les 120 minutes magiques que nous venons de vivre.
La prestation de Sade ce soir fut à son image: classieuse, sensuelle, magique, émouvante, quelque peu distante et jazzy en diable.
Merci, Madame, pour ce pur moment de bonheur