C'est il y a quatre ans que les services de renseignement américains ont mis la main sur le nom du messager de confiance de Ben Laden, grâce à des interrogatoires de prisonniers de Guantanamo. Ben Laden a toute confiance en cet homme, protégé de Khalid Shaikh Mohammed, l'organisateur des attentats du 11 septembre. Malgré tous leurs efforts, les services de renseignements ne réussissent pas le localiser. Il faudra deux ans de travail, de recoupements, d'enquête —et probablement d'interrogatoires musclés— pour qu'ils identifient enfin la ville du Pakistan où le messager et son frère semblent résider et opérer, sans toutefois à les localiser précisément.
En août 2010, soit plus de trois ans après le début des recherches sur cette piste, la résidence des deux frères est localisée : il s'agit d'un compound situé à un peu plus de 20 kilomètres au nord-ouest d'Islamabad, dans la ville-garnison d'Abbottabad. En l'observant discrètement cet endroit, à vue et par satellite, les militaires en concluent, eu égard à ses dimensions, son isolement et sa sécurisation, qu'il doit abriter un personnage d'un bien plus grande valeur que le simple messager qu'ils pistent. Loin d'être la caverne dans les montagnes de Tora Bora qu'on avait imaginée, la cache -qui se revèlera être celle de Ben Laden- est une demeure imposante, située dans les faubourgs et les hauteurs de la ville, entourée par des murs de 5 mètres de haut surmontés de fil de fer barbelés. Construite en 2005 et évaluée à 1 million de $, la résidence n'a ni téléphone, ni accès internet. Les habitants sont très méfiants au point de brûler les ordures à l'intérieur au lieu de les déposer à l'extérieur, comme le font leurs voisins.
En septembre 2010, la CIA présente ses conclusions à Obama : tout porte à croire que Ben Laden pourrait être situé dans l'enceinte. Il faudra cinq mois de travail supplémentaires pour que les autorités américaines décident de suivre cette piste et commencent à développer des scénarios d'action.
Le 14 mars 2011, Barack Obama préside la remière réunion du Conseil national de sécurité qui étudie les actions destinées à capturer ou tuer Ben Laden. A cette date, Obama et ses conseillers bataillent sur un autre front : prévenir les coupes budgétaires. Alors que les choses se précisent, aucun autre gouvernement, y compris celui Pakistan, n'est mis dans la boucle ou simplement informé de l'opération.
Il y aura au total quatre autres réunions du Conseil national de sécurité, entre le 29 mars et le 28 avril 2011. Le 28 avril, Obama réunit son équipe de sécurité nationale dans la Situation Room pour examiner les préparatifs et les dernières options. Il subsiste un doute car on n'est pas sûr que Ben Laden soit dans le compound. Trois options sont présentées : attendre et continuer à collecter des informations, attaquer avec des bombes guidées par avion, ou attaquer avec des troupes au sol. Le Conseil était divisé à 50-50. John Brennan, conseiller du président en matière de contre-terrorisme, et Leon Panetta, patron de la CIA, étant pour l'intervention au sol. Les autres se partagent entre les deux autres options. Obama décide de se laisser une nuit de sommeil avant de prendre sa décision finale. Le 29 avril au matin, juste avant d'aller inspecter les dommages de la tornade en Alabama, Obama annonce au Conseil qu'il a choisi l'option de l'opération au sol.
Le 1er mai 2011, c'est le jour du passage à l'action. Le Conseil national de Sécurité se réunit dans la “situation room”. Hillary Clinton est présente (voir photo). L’assaut des Navy Seals contre la cache Ben Laden dure 40 minutes et il est suivi en direct à la Maison Blanche, grâce aux caméras embarquées sur les casques des commandos. 40 hommes déboulent sur le site, transportés par hélicoptère. Des échanges de tirs ont lieu immédiatement. Un hélicoptère s'écrase au sol, sans qu'on sache si c'est dû à un tir ou à une défaillance. Quand ils cessent, on dénombre 4 morts dont Ben Laden lui-même qui semble avoir pris part au combat. Une femme est tuée également. On indiquera un temps qu'elle a été utilisée comme bouclier humain, ce qui se révèlera faux. Il semble qu'aucun commando américain n'ait été tué.
A 15h50, Obama reçoit le code convenu : "We’ve IDed Geronimo". Ce qui signifie que Ben Laden est provisoirement identifié. Des analyses ADN sont menées sur le cadavre du chef d'Al Qaida. A 23h35, conforté par les résultats des analyses et le débriefing de l'opération, Obama annonce la mort de Ben Laden dans une allocution télévisée donnée depuis l'aile Est de la Maison Blanche. Il a téléphoné auparavant aux anciens présidents, George Bush and Bill Clinton, pour les tenir informé de cette opération.
Sources : Time, Caucus Blog NYTimes, Blog Corinne Lesnes.
Images : Wikipedia, Maison Blanche - Pete Souza.