La République Française était présente en force au Vatican le 1er mai pour la béatification de Jean-Paul II. Le Premier ministre était accompagné du ministre des Affaires étrangères ainsi que de celui de l’Intérieur et des cultes. La sortie groupée était destinée à balayer toute suspicion d’affirmation de convictions religieuses personnelles ou de démarche électoraliste. C’est raté.
La délégation française avait des airs de Sainte trinité. François Fillon, Alain Juppé et Claude Guéant en délégation officielle pour la béatification d’un pape, ça fait beaucoup. Notamment au moment où le gouvernement ne rate aucune occasion pour fustiger tout empiètement de la religion musulmane sur l’espace public.
En dehors de l’Italie et de la Pologne qui pour des raisons compréhensibles avaient envoyé leur président de la République, la France était le seul pays représenté à ce niveau. Nicolas Sarkozy lui-même a, affirme-t-on, longuement hésité à faire le déplacement.
L’explication apportée par le porte-parole du gouvernement loin de calmer les esprits a rajouté un peu plus d’huile sur le feu. Oubliant comme le rappelle l’Humanité que la France est une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale (qui) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction (…) de religion (et qui) respecte toutes les croyances », François Baroin évoque le fait que la France « est la fille aînée de l’Eglise catholique ».
L’argument, un peu court, cache mal un appel du pied grossier à l’électorat catholique. Contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là une cérémonie de béatification ne constitue pas une cérémonie ordinaire d’hommage d’un micro Etat à son ancien dirigeant. Elle constitue au contraire un acte fort de prosélytisme de la religion catholique et l’occasion de remotiver la foi des jeunes .
Ardent défenseur de la laïcité, Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré « révolté par la décision prise par Nicolas Sarkozy d’envoyer le Premier ministre en qualité de représentant de la République française » à la cérémonie de béatification. Le dirigeant du PG évoque une décision qui « confirme à nouveau la dérive anti-laïque de ce gouvernement, et sa conception d’une laïcité à géométrie variable qui stigmatise nos concitoyens musulmans et exalte en permanence la foi catholique et les racines chrétiennes de la France ».
De son côté le PS qualifie de « particulièrement choquante » la présence de François Fillon pour la cérémonie de béatification et rappelle que « la France n’est pas la fille aînée de l’Eglise, c’est une République laïque ».
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