Tout se joue dans une atmosphère blanche, onirique, non dénuée de cruauté. Il y a du sang, pense-t-on, au doigt de la reine mère ; il y a du sang, peut-être, dans l’accouchement où cette même reine mère meurt ; il y a du sang, aussi, et même tout le muscle sanguinolent du cœur où la marâtre frotte son visage ; il y a du rouge sur la pomme empoisonnée.
Ambiance ouatée, déplacements lents, nous sommes dans un rêve, celui de notre enfance, plein de symboles et de mystères. Sans surprise puisque nous connaissons toute l’histoire. Mais non, pas sans surprise ! Spectacle derrière des barrières de tulle, sans parole, un geste à chaque scène, acte immédiatement reconnu par le spectateur, et pourtant envoûtant. Tout y est vivant : le regard de la marâtre qui se tourne vers la jeune fille retirant ses vêtements d’enfant et se revêtant des habits de la jeunesse, leurs ombres séduisantes opposées ; le bourreau tirant au bout d’une corde l’animal dont il extrait le cœur ; Blanche-Neige, réduite à marcher à quatre pattes pour entrer ou sortir de la maison des nains ; les colombes ou tourterelles volant et roucoulant autour de cette maison ; la chouette blanche attachée et criant dans l’appartement de la marâtre ; et le cheval du Prince…
La mise en scène réussit à toucher au fond de nous l’enfant qui rêve dans les draps blancs et sous un ciel de lit tombant de part et d’autre. Magie blanche.
J’ai vu ce spectacle de la Nouvelle Compagnie à la Scène Watteau, à Nogent sur Marne.