Elisapie est native de Salluit, petit village du Nunavik, anciennement Nouveau-Québec, territoire situé dans la région administrative du Nord-du-Québec, au bord du détroit d'Hudson et presque exclusivement peuplé par les Inuits. Je n'ai pas pu trouver son année de naissance... mystère !
Elle est née d'une mère inuk et d'un père originaire de Terre-Neuve. À sa naissance, elle est adoptée par une famille inuit qui l'élèvera selon cette culture.
C’est dans cet environnement aux grands espaces, au froid intense, aux contrastes culturels qu’Elisapie grandit entre tradition ancestrale et monde contemporain.
Avant de poursuivre, je vous propose une magnifique vidéo d'Elisapie dans le nord. Sur une musique de Pierre Lapointe et des paroles de Richard Desjardins, Moi, Elsie est l'unique chanson en français sur son premier album solo, There Will Be Stars, sorti en 2009 :
Dès l’enfance, la musique fait partie de sa vie. Elle interprète tous les jours les chants et les hymnes religieux appris à l’église et sa mère la fait répéter régulièrement afin qu’elle ne les oublie pas.
À 14 ans,
À 15 ans, elle produit et anime une émission de radio pour les jeunes de Salluit. Durant l'été, elle occupe plusieurs emplois comme animatrice et journaliste d’émissions de télévision.
Puis c’est la production cinématographique qui l’appelle. En 1999, Elisapie décide d'aller à Montréal pour étudier la communication. En 2000, elle participe, à titre de journaliste et d’animatrice, à la production d’un documentaire sur les peuples du cercle polaire intitulé Peoples of the Circumpolar. La production de ce documentaire la conduit à visiter plusieurs pays du cercle polaire dont la Norvège, la Sibérie, le Groenland, l’Alaska et le Grand Nord canadien.
Cette expérience s’avère déterminante pour elle et lui insuffle le besoin d’exprimer son attachement profond pour la culture inuit par le biais de l’art. Beaucoup de ses chansons sont d'ailleurs en inuktitut, qui est l’un des quatre grands ensembles dialectaux de la langue inuit.
Sa jeune carrière oscille toujours entre musique et cinéma et, en 2001, elle remporte le quatrième concours "Cinéaste autochtone", organisé par l’Office national du film du Canada , ce qui lui permet de réaliser un court métrage intitulé Sila piqujippat (Si le temps le permet). Depuis sa sortie en mars 2003, Elisapie a présenté son film un peu partout, à Trouville, à New-York, au festival Sundance 2004, à Montréal, à Toronto, à Terre-Neuve, au Nunavik...
Quant à la musique folk, elle a toujours eu une grande influence pour Elisapie. Elle apprécie particulièrement l’émotion et la sensation d’intimité qu’elle procure. Ce goût marqué pour ce genre la motive à recommencer à chanter, à écrire des textes et à rechercher un partenaire pour créer des chansons.
Et c'est donc dans sa nouvelle vie urbaine que se produit la rencontre avec Alain Auger, en 2000,
Taima est un mot d’usage courant dans la langue inuktitute, utilisé dans presque toutes les expressions, qui signifie "Assez ! C’est terminé. Passons à autre chose". Taima se veut porteur d’une vision nouvelle des relations entre les Blancs et les Inuits.
En 2003 et 2004, le duo participe à de nombreux festivals, en Amérique du Nord et en Europe. Leur album sort en février 2004 et remporte l'année suivante le Juno du meilleur album autochtone. Voici une extrait de cet album :
Un journaliste écrira : "À la limite, la chanteuse du duo Taima pourrait se passer d'écrire des paroles tant sa voix traduit à elle seule les émotions. En fait, quand cette Beth Gibbons boréale chante en inuktitut, elle donne l'impression d'employer un langage imaginaire, à la manière de Jorane ou du groupe islandais Sigur Rós. Or, les mots lui sont chers et nécessaires pour exulter, s'exalter ou traiter des thèmes qui lui tiennent à cœur : l'amour, le désir charnel, les voyages, mais aussi le déracinement, le mal-être autochtone...".
En 2005, Élisapie écrit et interprète en inuktitut les paroles de la trame sonore du film La planète blanche, signée
Parallèlement, elle planche sur un deuxième album avec son partenaire Auger, mais le feeling n'est plus là. Elisapie sentait que ce n'était pas le bon moment et le duo ne voulait pas forcer les choses. La connexion très intense qui liait les deux acolytes lors du premier album était moins évidente.
Fin 2009, elle sort son premier album solo, There Will Be Stars, dans lequel s'entremêlent joie de vivre et mélancolie, où se côtoient chansons pop et univers folk, de la pop nordique en quelque sorte. Dans cette vidéo, Elisapie nous parle de sa vie, de sa musique et de cet album :
A la fin de l'année dernière, Elisapie et Fred Pellerin ont fait une interprétation remarqué de "Silence" lors du Gala de l'ADISQ.
C'est le talentueux poète mauricien qui a écrit cette superbe chanson pour Taima voilà quelques années. Fred doit apprécier le mot "Silence" puisqu'il en a fait le titre de son dernier album, que je vous présentais sur ce blog en août dernier.
Vous l'aurez tous compris, j'ai vraiment hâte d'être le 3 juillet aux alentours de 19h00, sous les arbres centenaires de la cour du monastère de Ursulines de Trois-Rivières pour applaudir cette talentueuse et belle artiste. A bientôt Elisapie !
En attendant, voici un autre extrait de son album :