Depuis hier, la classe politique de nos pays occidentaux se félicite et se gargarise du « succès » américain contre le terroriste Ben Laden.
Faut-il que nos démocraties soient en mauvais état pour ainsi se réjouir de l’issue de cette traque de 10 ans qui en fait de justice n’a été qu’un coup de force vengeur bien dans l’air du temps. Faut-il que le néo-colonialisme de nos pays dits civilisés soient plus prégnant que jamais pour qu’aucune voix ne s’élève contre une intervention armée étrangère sur le sol d’un pays souverain…
Bien sûr, je ne pleurerai pas la mort de Ben Laden, pas plus que je ne pleurerai celle d’un Bush dans la bouche duquel le mot Dieu était aussi présent que dans celle d’Oussama. Il fallait voir hier matin sur les écrans de télévision ces militaires américains rassemblés à Ground zéro et chantant des chants patriotiques américains où Dieu était présent à chaque phrase. Ce nationalisme teinté de religiosité n’est-il pas finalement qu’un pendant plus télégénique du fanatisme islamiste ?
Si l’un des miens étaient morts au WTC j’aurai aimé pouvoir dire à Ben Laden ma souffrance , j’aurai aimé pouvoir évoquer sa mémoire dans un vrai procès. Dans un pays où la religion a une place si importante, certaines notions qu’elle véhicule sont vite oubliées au profit d’une vengeance de la même inhumanité que celle du terroriste. Dent pour dent , oeil pour oeil, un précepte qui finalement n’est qu’une longue escalade de la violence.
Encore une fois, ce n’est pas le sort de Ben Laden en lui même qui me gêne, c’est le fait d’être passé à côté d’un rendez-vous avec l’histoire , tout comme on est passé à côté d’un rendez-vous avec l’histoire avec le suicide d’Adolf Hitler en 1945. Là non plus la justice des hommes ne passera pas ; la satisfaction née de ce sentiment de vengeance sera éphémère, dans quelques jours, quelques semaines, les victimes de Ben Laden retrouveront leurs questions sans réponses, retrouveront toutes les zones d’ombre qui entourent les attentats du 11 septembre .
Quant à ceux qui ont crée le monstre Ben Laden à la fin des années 70 pour l’utiliser dans leur guerre froide avec l’URSS , ils continueront à tranquillement à tirer les ficelles du monde avec leurs marionnettes jetables , ces Saddam Hussein, Kadhafi, Moubarak, Ben Ali ou encore Manuel Noriega , promu commandeur de la légion d’honneur en 1987 avant qu’un coup de force américain ne le renverse . Tout en ayant du Dieu plein la gueule et du sang plein les mains. Terrorisme- Occident , 1 partout. Un match très nul en somme…