Les fleurs de Pivot

Par Benard

NICOLAS UNGEMUTH
L'homme qui a rendu les Français accros à la lecture publie un bel ouvrage en forme de dictionnaire dans lequel il se livre avec humour et légèreté. Son légendaire enthousiasme n'a pas faibli.

Bernard Pivot, l'œil vif et le pas alerte, trottine dans les rues de Lyon. C'est dans cette ville, au 42 avenue du Maréchal-Foch, VIe arrondissement, que ses parents tenaient l'épicerie Aux Bons Produits. Un milieu modeste pour un homme modeste - on y reviendra -, dont le succès professionnel laisse pantois. C'est l'enfant prodige de la capitale gastronomique. Son père était prisonnier pendant la guerre. L'enfance du petit Bernard est «rêveuse, solitaire et romantique», et la scolarité médiocre. Mais le temps n'est pas perdu : déjà, la lecture s'impose, mais pas n'importe laquelle. De retour à Paris, dans son appartement lambrissé du XVIIe arrondissement, Pivot, qui sort ces jours-ci un singulier dictionnaire * dans lequel il se dévoile par le biais de ses mots favoris, s'en explique : «Pendant la guerre, j'étais dans un petit village du Beaujolais avec ma mère et mon petit frère, et je n'avais que très peu de livres à ma disposition. Outre les ouvrages de l'école communale, je n'avais que deux livres, le Petit Larousse et les Fables de La Fontaine. Le premier que j'aie lu était le Petit Larousse. Je l'adorais parce qu'on pouvait jouer avec. C'est un rallye: on va de mot en mot. J'avais un petit carnet dans lequel je notais les mots que je trouvais jolis, ou bien les plus longs, qui m'impressionnaient. “Extraordinairement” était un mot extraordinaire. Les entrées me faisaient rêver, et vous emmenaient ailleurs. J'ai aimé les mots avant d'aimer les phrases, j'ai aimé les dictionnaires avant d'aimer la littérature.»

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