Quel suspense... ruiné par une intervention américaine ! Dans la nuit de dimanche à lundi, des forces spéciales tuèrent d'une balle dans la tête Oussama Ben Laden, le leader d'Al Qaïda.
Carla, ultra-sarkozyste.
Fallait-il lire, ou écouter, l'interview donnée par Carla Bruni-Sarkozy à 6 lectrices et lecteurs du quotidien le Parisien, vendredi dernier, et publié ce lundi 2 mai ? Elle a eu droit à trois pleines pages, et des qualificatifs sirupeux en quantité présidentielle :
« très gentille », « charmante », « abordable », et même « très simple » et « très amoureuse ». On nous avait déjà confié l'essentiel : elle n'a pas confirmé ni démenti sa grossesse. L'une des témoin(e)s a rapporté, tout de même, qu' « elle cache son petit ventre avec son voile chaque fois qu'un photographe s'approche.» Carla n'avait pas prononcé deux phrases que Nicolas Sarkozy, qui passait par là, s'est incrusté quelques instants. L'information nouvelle mais faussement surprenante était ailleurs. L'épouse a simplement révélé qu'elle n'était plus de gauche, mais plutôt « ultra-sarkozyste.» Quelle information !
« Si vous saviez le mal qu'il se donne jour et nuit, à toute heure ! Je suis ultra-sarkozyste. Je crois en lui. Je ne suis plus du tout, du tout de gauche. (...) Si je suis égoïste, je dis un mandat ça suffit. (...) Si je pense à mon pays, à la France, je dis que ce serait mieux qu'il continue. Deux mandats, ce serait bien. C'est lui qu'il faut, avec son énergie, son déroulement, sa force. »Et sans que personne ne lui demande quoique ce soit, la voici qui ajoute : « En plus, contrairement à ce qu'on croit, il a un sang-froid fantastique. Il n'est pas nerveux, il est vivant ». Sans rire ?
Sur la campagne qui démarre, l'ex-mannequin joue les ingénues, plus naïves encore que sa marionnette des Guignols de l'Info : « Je peux l'accompagner sur le terrain, écouter les gens; aider ceux qui me le demandent, peut-être participer plus à la vie politique, l'accompagner à des meetings. Je ne sais pas comment cela se passe une campagne présidentielle ».
Comme la Reine a été correctement briefée, elle expliqua aussi que son époux était désormais ouvert et sage : « Ce qui le passionne, c'est entreprendre, construire. Avant, il était plus bagarreur, maintenant, il a gagné en calme, en sagesse.» Mais le naturel reprend rapidement le dessus. Si Sarkozy était battu en 2012, « Je ne sais pas ce qu'il fera après » confie-t-elle. « mais je le vois mal traînasser toute la journée.»
Fébrile, Nicolas ?
Barack Obama, anti-sarkozyste ?
L'effroyable fut que cet entretien ne servit finalement pas à grand chose. Le Parisien n'avait pas eu le temps (ou la volonté) de changer sa couverture. Mais l'actualité était ailleurs. Oussama Ben Laden avait été exécuté par les forces américaines. La nouvelle avait enflammé Twitter pendant la nuit. Barack Obama l'avait annoncé dans la nuit. Une branche d'Al Qaïda du Yémen l'a confirmé ensuite. Un commando est intervenu voici 8 jours. Le temps d'attendre les résultats des tests ADN pour confirmer qu'il s'agissait bien du leader d'Al Qaïda, et voici l'annonce officielle. Même Al Qaïda a confirmé l'assassinat. Il y eut, évidemment, quelques esprits grincheux pour s'énerver de la nouvelle, quelques complotistes pour douter de l'information.
Il fallut attendre quelques heures pour le communiqué officiel de Sarkofrance. Mais avant cela, la Présidence dérapa d'abord sur Twitter. Qu'on se réjouisse de la disparition de Ben Laden était une évidence. Que le premier commentaire officiel de Sarkofrance fut celui-ci était une aberration : « Pour les victimes du 11 septembre 2001, justice est faite. Ce matin, la France pense à elles et à leurs familles. » La Présidence française s'est rabaissée. On attendait un peu de retenue, et pas ce cri vengeur digne d'un mauvais western. Dans sa déclaration, Barack Obama a ménagé les musulmans. Il voulait faire comprendre, au monde mais aussi à ses propres nationaux que Ben Laden n'était qu'une icône terroriste sans rapport avec l'Islam.
Par contraste, le premier commentaire, en 140 caractères sur Twitter, de Nicolas Sarkozy était indigne. Un peu plus tard, le commentaire officiel fut plus complet, mais le mal était fait.
« L'annonce par le Président OBAMA de la mort d'Oussama Ben Laden à la suite d'une remarquable opération de commando américaine au Pakistan, est un événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme. La France salue la ténacité des États-Unis qui le recherchaient depuis 10 ans. Principal responsable des attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden était le promoteur d'une idéologie de haine et le chef d'une organisation terroriste qui a fait des milliers de victimes dans le monde entier, notamment dans les pays musulmans. Pour ces victimes, justice est faite. Ce matin, la France pense à elles et à leurs familles. »Plus tard, l'Elysée faisait fuiter que Nicolas Sarkozy allait téléphoner à Barack Obama le soir même. Toujours ce besoin de se re-placer au centre de l'actualité...
François Fillon s'est inséré dans le journal télévisé de France 2, pour commenter l'évènement. « Ce n'est pas la fin de la guerre contre le terrorisme. (...) C'est une époque qui se termine. » Il avait raison. Sur le risque accru d'attentat, « nous sommes vigilants ». Sur les otages, il faut rester « prudents ». Sur l'Afghanistan, aucun changement n'est à attendre. Le premier ministre n'avait en fait pas grand chose à dire. La Sarkofrance voulait simplement se montrer.
Marin Karmitz, sarkozyste déçu ?
Incroyable. Vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a tout simplement dissous un machin qu'il avait lui-même créé, le Conseil de la Création Artistique. La chose était présidée par Marin Karmitz, très efficace entrepreneur cinématographique, propriétaire des salles éponymes. Sarkozy voulait court-circuiter le ministère de la Culture et ses administrations. Le stratagème fit choux blanc.
Cette dissolution n'est en fait pas le fait du Monarque. Marin Karmitz en avait marre. Le Monarque, 48 heures avant, avait installé un autre conseil, pour l'Internet. Ses membres devraient s'inquiéter. Pour un Conseil sarkozyen, sans légitimité institutionnelle ni démocratique... le bail est de deux ans...
Sarkozy, sarkozyste toujours.
Lundi, Nicolas Sarkozy déjeunait avec quelques organisations non gouvernementales pour dresser un bilan du Grenelle de l'Environnement. On ne sait pas pourquoi il avait prévu cette rencontre ce jour-là. La grande manifestation. « On a acté un certain nombre de désaccords avec le président de la République, notamment sur la sortie du nucléaire que nous demandions tous » a commenté un responsable de France Nature Environnement. Une fois de plus... A chacun de ses déplacements, et quel qu'en soit le prétexte, Sarkozy ne cesse de répéter combien le nucléaire est essentiel.
Sarkozy a aussi promis une « consultation » sur les questions d'efficacité énergétique. La représentante de Greenpeace a prévenu qu'elle boycotterait. Le lendemain, ce mardi, il filait, un brin provocateur, à Gravelines, dans le Nord, visiter... une centrale nucléaire. Il a promis, paraît-il, un audit du coût « réel » de la filière atomique française. Comme la démarche est currieuse ? On croyait la filière déjà très transparente...
Cette semaine, Nicolas Sarkozy fête, moins discrètement qu'il y a un an, son anniversaire élyséen. 4 ans de pouvoir, 4 ans de gâchis. L'hebdomadaire l'Express, dirigé par le fidèle Christophe Barbier, lui ouvre ses colonnes.
« Le couple Sarkozy est donc de retour à l’offensive dans la presse écrite.» commente le Figaro. Gageons que le Monarque n'a pas apprécié que l'intervention de sa belle soit ainsi occultée par un autre évènement planétaire que le sien.