Quand reviendra l’oiseau nuage, de Bernard Villaret

Publié le 02 mai 2011 par Acdehaenne

Dans ce lointain futur, pourquoi 816 habitants sont-ils confinés dans la Réserve N° 8, qui occupe une partie des gorges du Verdon ? Pourquoi, tout autour, prospèrent des communautés animales parfaitement organisées qui jouissent du pouvoir et ont tendance à empiéter de plus en plus sur le territoire réservé aux hommes ? Pourquoi, enfin, subsiste-t-il, dans la mémoire collective, cet « Oiseau-nuage » dont le retour serait porteur de mauvaises nouvelles ?

Quand reviendra l’oiseau nuage est un roman post apocalyptique d’à peine plus de 200 pages. Très agréable à lire, Bernard Villaret rappelle par certains côtés le style de Stefan Wul. Faussement enfantin et simple, « L’oiseau nuage » est très imagé.

En effet, on imagine sans grand mal cette réserve d’hommes, parmi les derniers de leur espèce, dans ce qui fut la France à une autre époque bien lointaine. Par un procédé mystérieux, les mammifères se sont redressés pour adopter une posture physique anthropomorphique. Mieux encore. Dans ce futur lointain, les Hommes ne maitrisent plus la Terre. Au contraire, les animaux s’organisent, investissent les ruines d’anciennes villes, occupent les statuts politiques les plus importants. Punis pour le traitement que les Hommes leurs ont infligés, en se nourrissant de viandes notamment, ceux-ci sont stigmatisés et condamnés à un rôle d’inférieurs. Heureusement pour eux, les animaux sont pacifiques et refusent le meurtre. C’est dans ce contexte qu’Albin essaie de se faire une place en tant qu’aide guérisseur. La tâche n’est pas facile. Et même si son statut lui confère quelques privilèges, notamment intellectuels, il ne lui permet pas vraiment de disputer le pouvoir aux animaux.

Or, un jour, le fin mot de l’histoire va apparaitre. La raison de tout ceci viendra avec le « retour de l’oiseau nuage ». Et avec lui, un nouveau départ pour les Hommes en général et pour Albin en particulier. Lui qui fait preuve d’une attitude tellement altruiste…pour un humain s’entend.

Quand reviendra l’oiseau nuage fourmille de bonnes idées. Pour une fois, l’apocalypse ne vient pas des Hommes en tant que tels, d'une action catastrophique, mais bien de leur attitude vis-à-vis de la Planète. Effectivement, le roman porte un message écologique assez prégnant. Comme un symbole, ce sont les Eoliennes, et plus largement les énergies naturelles, qui permettent aux Hommes de subsister reléguant « l’or noir » au rang de mythe. Les personnages anthropomorphiques déroutent au début. On se prête cependant assez vite au jeu tant les personnalités qu’on attache à certains animaux servent de support au développement de Villaret. Par ailleurs, le procédé n’est pas anodin. Comme en leurs temps d’autres auteurs célèbres l’ont fait : quoi de mieux que l’étrange-r pour parler de nous-mêmes ? Ainsi, l’analogie entre l’organisation des animaux humanoïdes et les Hommes tels que nous les connaissons fonctionne très bien. En effet, au-delà de l’histoire en elle-même, le roman prend clairement position sur un certain nombre de questions épineuses d’une société pas si éloignée de la notre malgré les presque 30 ans qui nous séparent de la première publication.

Du côté des bémols, je regrette le passage un peu brusque entre le quotidien de la réserve et l’élément déclencheur de la seconde partie. L’accélération de rythme est palpable comme si le train-train finalement tenait à peu de choses…alors que depuis plusieurs siècles, tout fonctionnait. Mais ce n’est pas bien méchant.

Note :

Les Murmures.