Si l'utilisation de ce moyen de paiement pluri-centenaire est en baisse (modérée mais constante depuis 2002), 3,3 milliards de chèques sont encore émis chaque année dans l'hexagone, représentant 20% des paiements hors espèces.
Les particuliers constituent l'immense majorité (80%) des émetteurs, notamment pour les frais de scolarité et de cantine, les services à domicile, les cadeaux en argent, les services de santé... Pourtant, presque deux tiers d'entre eux déclarent que leur moyen de paiement préféré est la carte bancaire, alors que le chèque ne recueille que 18% des suffrages, taux qui monte cependant à 51% pour les montants supérieurs à 500 euros. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, c'est le segment des 35-49 ans qui en fournit les plus fréquents utilisateurs.
De leur côté, les professionnels et PME-PMI n'émettent que 15% des chèques, essentiellement pour le paiement de leurs fournisseurs et, étonamment, les salaires de leurs employés. Si les PME-PMI privilégient le virement, les TPE (moins de 10 salariés) affirment à 59% leur préférence pour le chèque ainsi que leur réticence à changer leurs habitudes. Cependant ce choix ne concerne que les règlements en émission, l'encaissement de chèques (dont ils "capturent" près de la moitié) étant beaucoup moins bien perçu.
Ces résultats mettent en évidence, à mon avis, un incroyable paradoxe : alors que les banquiers français se plaignent des coûts induits par le traitement de ce nombre colossal de chèques, leurs efforts actuels vers de nouveaux moyens de paiement se portent sur le paiement sans contact sur mobile, avec l'objectif premier de remplacer les espèces et, peut-être, la carte bancaire !
Les exemples ne manquent pourtant pas d'innovations qui pourraient remplacer les usages du chèque identifiés par l'étude du CCSF : citons, entre autres, Square pour les règlements par carte dans le secteur des TPE et la multitude de solutions de paiement P2P pour les échanges d'argent entre particuliers (ou pour les services à domicile). Naturellement, le coût de ces nouveaux systèmes est un paramètre important pour les clients. Mais si le chèque revient tellement cher aux banques, il ne devrait pas être trop difficile de trouver un modèle équilibré pour son (ou ses) remplaçant(s)...