Ben Laden, une figure de martyr

La mort d'Oussama Ben Laden, tué par l'armée américaine, ne risque-t-elle pas d'attiser la haine et de renforcer, in fine, son mouvement ? La question plane depuis l'annonce faite cette nuit par le président Barack Obama. Farhad Khosrokhavar, directeur de recherche à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et auteur de plusieurs ouvrages sur le djihadisme, livre son analyse. 

La mort de Ben Laden lors d'une opération conduite par les États-Unis va-t-elle en faire un martyr ?
Farhad Khosrokhavar : Cela va en faire une figure de martyr chez les sympathisants de Ben Laden, c'est-à-dire pour ceux qui pensent qu'il était un vrai musulman qui a lutté jusqu'à la mort pour le djihad. En revanche, il y a beaucoup de musulmans, y compris parmi les autorités religieuses, qui pensaient que Ben Laden n'était pas un bon musulman, qu'il s'était mis hors de l'Islam par ses excès. Pour ceux-là, et ils sont nombreux, Oussama Ben Laden ne sera en rien un martyr. Toutefois, par-delà ces deux cas extrêmes, Ben Laden peut acquérir le statut de héros romantique, celui d'un homme qui n'avait pas raison, mais qui doit être respecté, parce qu'il est allé jusqu'au bout de ses idées.