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Pass contraception » : un dispositif limité

Publié le 02 mai 2011 par Veille-Education

Jean-Eudes Tesson, président du Cler, organisme de formation, conseil familial et éducation sexuelle, explique, dans Le Figaro, les limites du « Pass contraception », dont la prochaine mise en place en Ile-de-France a été annoncée le 26 avril 2011.

Ce dispositif vise à faire reculer le nombre de grossesses et, corrélativement, celui des interruptions de grossesses chez les mineures, dont les chiffres sont préoccupants. Si la circulaire n°2003-027 du code de l’éducation a rendu les séances d’éducation affective, relationnelle et sexuelle obligatoires en milieu scolaire, les aides manquent pour former des intervenants dans ce domaine. L’article L312-16 de cette circulaire, en particulier, est loin d’être appliqué dans la plupart de ses dispositions, surtout en ce qui concerne les fondements sur lesquels il s’appuie : « L’éducation à la sexualité à l’école est inséparable des connaissances biologiques sur le développement et le fonctionnement du corps humain, mais elle intègre tout autant, sinon plus, une réflexion sur les dimensions psychologiques, affectives, sociales, culturelles et éthiques. Elle doit aussi permettre d’approcher, dans leur complexité et leur diversité, les situations vécues par les hommes et les femmes dans les relations interpersonnelles, familiales, sociales ».

Il s’agit donc d’aller au-delà des approches purement « hygiénistes », dont nombre d’établissements scolaires se contentent faute de moyens. Il est nécessaire d’informer les jeunes mais également de les accompagner en participant à leur éducation affective, de les aider à réfléchir sur le sens de leur vie et à acquérir le sens de la responsabilité, du respect de soi et des autres. Ceux qui sont en contact avec les jeunes sur le terrain constatent bien que ces derniers « ont au plus profond d’eux-mêmes le désir de donner du sens à leurs actes ».

Si le « Pass contraception » répond à de réelles préoccupations, il reste limité et présente quelques risques, à commencer par banaliser la relation sexuelle. Une approche « hygiéniste » de la sexualité tend à oublier une part importante de l’être humain au profit de la dimension physique uniquement et de la santé particulièrement. Il est pourtant indispensable d’aider les jeunes « à prendre soin de toutes les dimensions de leur personne, que ce soit leur bien-être affectif, leur santé ou leur capacité d’être en relation avec les autres en tant que sujet ».

De plus, le « Pass contraception » risque de disqualifier les parents, certains pouvant être tentés de « démissionner de leur responsabilité d’éducateurs » auprès de leurs enfants qu’ils doivent accompagner dans l’acquisition de la responsabilité et de l’autonomie. Ce dispositif risque de n’être qu’une simple « rustine » ralentissant la mise en oeuvre d’une action en profondeur qui nécessite l’aide et la formation des adultes et des parents responsables de jeunes. C’est là une question d’ambition de notre société pour ses jeunes afin de les aider à accéder à une sexualité développant leur capacité d’aimer, et le respect d’eux-mêmes et des autres. Tout en aidant les familles concernées par les difficultés liées à des grossesses précoces, « ne renonçons pas à aider nos enfants à donner du sens à leurs actes ».
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