La passion peut être traîtresse. Elle peut envoyer les attentes crever les plafonds et forcer un film à décevoir. Elle peut écarter d’une gifle l’objectivité et nous gonfler d’aprioris positifs nous aveuglant. Voilà cinq ans que j’attends The Tree of Life. J’ai d’abord attendu le prochain Terrence Malick, une fois que la beauté du Nouveau Monde est passée sous mes yeux. Puis j’ai attendu plus précisément ce mystérieux Arbre de Vie, plus mystérieux qu’aucun film de Malick jusqu’ici. J’ai attendu patiemment, comme il est coutume d’attendre les films de Terrence Malick. J’ai vu Heath Ledger mourir, et avec lui la possibilité de voir ce grand acteur en devenir tourner dans Tree of Life comme il avait été un temps annoncé. J’ai vu Sean Penn monter à bord, une décennie après La Ligne Rouge, puis Brad Pitt le rejoindre.
Et puis une bande-annonce est arrivée. Le voile a commencé à se désépaissir en même temps que le mystère se confirmait. Brad Pitt en père de famille dans les années 50, son fils perdu devant les exigences de son père… et Sean Penn, ce même fils devenu adulte quelques décennies plus tard. Mais ce n’est pas tout. Des images de l’espace, de l’univers, de planètes et d’étoiles… Tree of Life ne sera certainement pas qu’un drame familial. L’ambition transpire du peu que l’on sait du film de Malick. La poésie se dessine entre les plans et les répliques entendues. "There are two ways through life. The way of nature, and the way of grace. You have to choose which one you will follow".
Ce week-end, devant Rabbit Hole, j’ai enfin vu pour la première fois la bande-annonce du film sur grand écran. Lorsque j’ai reconnu le premier plan à l’écran, j’ai agrippé mes accoudoirs. Le temps s’est arrêté pendant deux minutes, mes yeux grands ouverts, bouche bée, un sourire d’enfant au coin des lèvres. Pour mes proches, il est certainement temps que cet Arbre de Vie sorte, tant ils doivent en avoir marre de cette obsession cinématographique qu’ils voient en moi. Pourtant ce n’est pas une obsession. C’est le divin moment de l’attente. Celui qui nous fait compter les jours et emballe le cœur. Nous sommes en mai 2011, The Tree of Life de Terrence Malick va sortir dans quelques jours. Je n’attends plus pour très longtemps…