Si vous habitez et travaillez avec des Québécois, il va falloir vous habituer aux commentaires sur votre français « de France » - commentaires sans méchanceté je précise. Il vous faut opérer un changement de mentalité – vous êtes maintenant la personne qui vient de l’étranger, la personne avec un accent. Vos expressions parisiennes, marseillaises ou autres deviennent une nouveauté amusante pour tout le monde et parfois incompréhensible ! Un petit conseil d’adaptation serait de ne pas utiliser le mode ironique français si courant au quotidien. Trop de sarcasme dans une même journée et vous aurez vite fait d’être qualifié d’arrogant ! Quoique…peut-être que ce conseil s’applique en France aussi finalement.
Bien que vous ayez l’impression que l’anglais soit omniprésent dans le parler québécois, vous allez rapidement comprendre que les québécois ont l’exacte même opinion du parler français. Vous pourriez rentrer dans un débat sans fin à ce sujet avec preuves à l’appui pour confirmer les deux opinions. Selon moi, la différence vient du fait que les mots anglais au Québec sont utilisés comme étant des mots anglais – comme si on « switchait » de langue en cours de phrase. Dans la langue française, on a francisé des mots d’origine anglaise : parking, email, etc.. que l’on utilise dans nos phrases courante (et avec une intonation française pour la prononciation) comme étant des mots de notre langage français.
Le Québec peut paraître très défensif à propos de la langue française, mais c’est une attitude qu’il est facile de comprendre sur place. Pouvez-vous imaginer dans l’Hexagone que la population passe de parler de parking et d’email, à s’exprimer entièrement en anglais ? Aucune raison d’en faire des cauchemars la nuit. Par contre, le Québec est immergé dans un monde anglophone entre les Etats-Unis et les autres provinces canadiennes. Saviez-vous qu’à Montréal-Centre seulement 59.8% de la population déclare parler français comme langue principale dans leur foyer ? La statistique monte à 67.9% (source Wikipedia) si l’on considère le grand Montréal. Ca laisse tout de même entre 30% et 40% de la population montréalaise qui parle anglais ou une autre chez eux comme langue principale. Si l’on prend en compte le coût de maintenir une société bilingue, par exemple pour les entreprises qui doivent s’adapter à la petite province du Québec pour atteindre ce marché, cela demande bien un effort constant pour conserver cette petite enclave francophone unique sur le continent Nord-Américain !