Hier, c’était le 1er mai, et comme traditionnellement à pareille époque, ce fut l’occasion d’acheter un brin de muguet à l’un ou l’autre vendeur du Parti Communiste qui n’a plus que cette maigre ressource pour tenir, lui et ses 15 adhérents alcooliques de la place du Colonel Fabien.
Quelque part, c’est assez drôle de savoir que les drames humains ambulants qui se disent encore communistes font ouvertement appel au capitalisme des autres pour soutenir leurs foirages magistraux. Pour caricaturaux qu’ils sont, ils n’en restent cependant pas moins l’exemple saillant que pour durer en politique, il faut mentir éhontément, cacher la vérité, torturer le sens de mots, toutes choses que nos branquignoles maîtrisent plutôt pas mal, mais surtout et avant tout, il faut adapter son discours à l’air du temps.
Eh oui : ces fossiles vivants n’ont toujours pas compris qu’en utilisant habilement le pipotron médiatique, le système de la démocratie poussé dans ses retranchements démagogiques les plus sordides, on arrivait bien mieux à rassembler les gogos électeurs qu’en promettant des grands soirs et un bouleversement social dont tout le monde a pu constater qu’il n’amenait pas franchement la gaieté et le bonheur.
En revanche, s’il y a bien des loustics qui ont compris, comme le Lapin Duracell, en aussi têtu et agaçant, comment durer, durer, durer, ce sont bien les différents socialistes qui sévissent actuellement tant du côté de Solférino que des différents ministère du gouvernement.
Dernièrement, c’est l’ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, qui nous a offert l’un de ces discours tout en rondeurs qui permet à la fois de ménager la chèvre, le chou, le beurre, l’argent du beurre et de conserver un sourire un peu hébété sur le visage de la crémière qui sent tout de même bien qu’elle se fait gentiment avoir.
Et c’est important, ce ménagement millimétré : en effet, si l’aimable entremet socialiste nous avait gratifié d’une envolée lyrique pleine d’hormones, d’une part il aurait risqué un contrôle anti-dopage serré, et n’aurait d’autre part pas réussi à rassembler au-delà de ses aficionados.
Car oui, il en a bien quelques uns, probablement recrutés dans ces personnes pour lesquelles une infusion verveine-menthe constitue le summum des boissons délicieusement subversives.
Ce faisant, les hollandistes ont donc pu goûter aux strates de propositions supplémentaires ajoutées avec largesse par le lider promedio, dans un festival rigolo comme un mois de novembre, période propice à la préparation enfiévrée des listes pour le Père Noël. Il ne manquait plus que les gommettes bigarrées et le petit dessin maladroit au crayon de couleur, mais soyez sûrs que c’est un détail qui se réglera prochainement.
Dans les joujoux commandés, on trouve donc, en plus du petit camion de pompier et des habituels marrons glacés:
- 500.000 places de crèche supplémentaires, parce que c’est facile, gratuit, et que ça peut rapporter gros,
- un « livret de croissance » pour que l’épargne soit magiquement affectée dans les territoires,
- une nouvelle usine à gaz pour le calcul du SMIC — car tout le monde attendait ça avec impatience, c’est évident — le tout indexé sur une croissance dont on ne sait pas vraiment d’où elle va bien pouvoir provenir,
- et, au milieu du fatras invraisemblable des autres propositions standard du Parti Officiellement Socialiste, une nième version rigolote d’un Grenelle quelconque, cette fois-ci appelé conférence, sur une de ces nouvelles notions lancées à la volée, la « démocratie écologique ».
Ce petit parfum de liste à la Prévert ne doit rien au hasard, au contraire de ce qu’on pourrait croire : l’idée n’est pas d’être ni réaliste, ni crédible, ni même cohérent mais simplement audible et aussi large que possible.
Comme je l’expliquais en introduction, le candidat Hollande doit en effet ratisser très très large pour paraître présidentiable au moins auprès de ses complices coéquipiers socialistes : pour pouvoir un jour prétendre affronter Sarkozy au second tour, il lui faut d’abord dégommer DSK (et toute la myriade d’autres clowns à roulettes qui salivent pour le poste).
Or, pour rassembler, la seule solution est bien d’avoir le discours le plus lisse, le plus large, le plus rassembleur, et distribuer les gâteries à tous et chacun. Hollande, par sa précédente position de premier secrétaire, a déjà une bonne idée de la soupe tiède qu’il doit servir pour plaire au maximum, et n’hésite donc pas.
Du reste, ça marche : la Martine commence à se laisser convaincre que le gentil mollusque pourrait remplir le contrat.
En outre, DSK n’est toujours pas déclaré officiellement, et la situation générale du pays pourrait l’inciter, en tant que patron du FMI, à rester là où il est. Après tout, le poste est bon et la probabilité qu’il prenne les clefs de l’Elysée à la faveur d’une crise de la dette française s’accroît à chaque point gagné par les CDS européens.
Au final, Hollande, avec son « programme » fourre-tout et shooté au Prozac réussit assez bien là où nos communistes échouent comiquement. C’est aussi pour cela qu’on verra certainement plus Hollande acheter du muguet qu’en vendre.
Mais soyons clair : 2012, second tour Sarkozy – Hollande ? Ce serait à mourir d’ennui.