Etat chronique de poésie 1195

Publié le 02 mai 2011 par Xavierlaine081

 

1195

Rien ne semble plus justifiée qu’une guerre dont les graines depuis si longtemps semées, germaient déjà dans les esprits apeurés.

Il aurait fallu plus de discernement, bien avant que n’éclate au grand jour la véritable stature d’un homme, tyran de son état ; écouter ce qu’une poignée proclamait en refusant sa réception, avec les honneurs d’un roi.

Que faire d’un roi qui se nourrit du sang de son peuple ?

Quelle distance tenir lorsque, pressant, il s’évertue à camoufler ses crimes pour se donner bonne figure ?

La diplomatie, parfois flirte tant avec les principes économiques, qu’il est évident de soupçonner quelques occultes collusions.

Le meilleur moyen d’arrêter la vague des soupçons, serait, si nous étions encore en démocratie, de permettre en toute confiance, au peuple de savoir.

Mais pourrais-je seulement me confier, si, moi-même, je naviguais en eaux troubles, nageant sur la vague des apparences, pour soigner mon propre profit ?

Ce qui transparaît derrière toutes les violences, c’est cette trahison de l’homme pour lui-même.

Indigne de se contempler, il projette plus loin sa haine intrinsèque, croyant ainsi tromper la vigilance de ses proches.

Ce n’est que poudre aux yeux à qui prend le temps de voir qu’il n’est pas innocent que les bombes chutent en tel pays plutôt qu’en tel autre.

Il n’est pas non plus bien malin de voir qu’à la crise des uns répond la guerre des autres.

L’essentiel est toujours, ce fut vrai en 1914, en 1939, en 1962, que les plus miséreux aillent, en chantant, déverser leur mitraille et offrir leur peau à trouer pour préserver les dividendes des spéculateurs.

C’est ici une tyrannie qui ne se nomme pas, tant elle semble être admise de la plupart.

Elle nous fait moutons, acceptant de bêler jusque sous le couteau des bouchers.

*

Qu’en vaine écriture les mots tentent de dresser une barricade de bon sens, voilà le concert des collaborateurs du crime qui s’évertue à me donner tort.

Pas de panique, il y en eut d’autres, encensés aujourd’hui, qui en leur temps se dressèrent contre le crime d’Etat.

Ils avaient des noms inscrits au programme des écoles, certains ne sont plus mentionnés mais ne s’écroulèrent pas moins sous les balles des assassins.

Ils sont l’honneur de notre humaine condition, tandis que les mièvres qui composèrent, n’en sont plus que lie, quand ils ne sont pas purement et simplement oubliés.

Si mon cri s’élève au risque d’une balle perdue, de quolibets et de craintes justifiées, ce serait un crime plus grand encore que de l’étouffer, au nom du conformisme d’une société d’où l’Homme est exclu.

On ne spécule pas avec la vie, car elle ne nous appartient pas, en Libye comme ailleurs.

*

Il n’est pas du devoir de la poésie de se dresser contre le meurtre.

Il est celui du poète que de dénoncer ce qu’il pense, en son âme et conscience, devoir dénoncer.

Rester dans le silence ou applaudir à ce faux semblant de sursaut démocratique, venant d’un président qui ne sait, depuis quatre années, que salir le visage des valeurs qui nous étaient commune, serait donner des gages aux pires représentants que ce pays ait connu depuis longtemps.

Il est un temps de dialogue possible, mais lorsque les exactions deviennent si abondantes, cet instant n’est plus.

Il convient alors de demander des comptes.

Les bombes ne sont que fumée pour éviter de les rendre.

Ne soyons donc pas aveugles.

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Manosque, 26 mars 2011

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