Nicolas Sarkozy a beau multiplier les déplacements de terrains depuis bientôt 18 mois, il reste dans sa bulle.
Dans sa bulle
Nous sommes à 355 jours du premier tour du scrutin présidentiel. La « chasse aux parrainages est ouverte », rappelait le Journal du Dimanche. Pour les petits candidats, cela devrait être assez facile. On imagine que le parti présidentiel donnera des consignes à ses élus (parlementaires, maires, conseillers généraux et régionaux, et députés européens) pour faciliter les candidatures à gauche. Et que le Parti socialiste fera de même pour favoriser l'éparpillement politique à droite. Un partout la balle au centre.
Les ouvrages politiques se succèdent, et se ressemblent. Après les « off » des deux patrons de l'hebdomadaire Marianne, les « in » d'un ancien ponte du Figaro récemment débarqué de France Télévision, voici quelques coulisses d'un ancien ministre. Hervé Morin, qui se croyait un destin à la Napoléon centriste après avoir quitté le gouvernement, s'est fait griller la politesse présidentielle par un Borloo. Le voici qui sort un livre. Déjà une confidence, un propos de François Fillon sur le Monarque : «Le Président a tellement perdu le sens des réalités qu’il en a oublié que ceux qui sont admis le long des barricades de l’avenue des Champs-Élysées ont été filtrés ».
De tous ces livres on ne retient qu'une chose : fidèles ou critiques, ces observateurs de l'intérieur nous dépeignent tous un Nicolas Sarkozy dans sa bulle. Le Président des Riches est ailleurs, hors de France, dans un cercle courtisan et déconnecté de la réalité de nos concitoyens.
On attend les réflexions de Michèle Alliot-Marie, débarquée de l'équipe Sarkozy en février dernier et surtout celle d'Eric Woerth. L'ancien ministre du Budget puis des Retraites, lâché en rase campagne en novembre 2010, aurait beaucoup à raconter. On imagine bien qu'il gardera le plus grave pour lui-même. Son procès, s'il a lieu, n'est pas encore calé.
Buter un dictateur
En Libye, samedi soir, une attaque aérienne de l'OTAN a tué le plus médiatique des fils Kadhafi, Saïf. Même si l'OTAN a nié avoir visé la famille Kadhafi, il semble bel et bien que l'élimination du dictateur soit devenue l'une des priorités du moment.
En représailles, l'armée libyenne a attaqué quelques ambassades étrangères à Tripoli. Rien que cela !
En France, aucune réaction.
Béat devant de le pape
Nicolas et Carla regardaient sans doute les cérémonies de béatification de Jean-Paul II à Rome. Le Monarque français avait d'ailleurs adressé un courrier à l'actuel pape, louant « le souvenir de cette personnalité hors du commun » qui « a non seulement marqué les esprits par l'intensité de sa foi, mais aussi par le rôle majeur qu'il aura joué dans l'histoire » et « a contribué à renverser le monde né de la guerre froide et à façonner le siècle qui est le nôtre ». Il a même envoyé son premier ministre Fillon. On est surpris.
Oubliant ses devoirs laïcs, le président français s'est emporté : « C'est en souvenir de ce lien étroit, presque privilégié, entre le pape Jean-Paul II et la France que je tenais, Très Saint-Père, à vous exprimer, en mon nom et en celui de mes compatriotes, l'attachement que nous lui portons au moment où l'Église catholique s'apprête à l'élever à l'honneur de ses autels. »
Recycler un bankster
En Europe, le président de la Banque Centrale va changer. Nicolas Sarkozy appuie la nomination de l'Italien Marco Draghi, un ancien cadre de ... Goldman Sachs. Souvenez-vous, en septembre 2008 puis au printemps 2010, cette banque d'affaire était accusée des pires maux. Contre Lehman Brothers, disparue le 15 septembre, Goldman Sachs a été suspectée d'avoir eu la peau de sa grande rivale grâce à des complicités haut placées dans l'administration américaine. Avec la Grèce, dont elle conseillait le placement de la dette, elle a travaillé à truquer les comptes publics, notamment d'endettement, du pays. A tel point que le pays a failli sombrer en avril 2010, et la zone euro avec lui, quand la supercherie fut dévoilé
Le sieur Draghi fut, entre 2002 et 2005, vice-président de la branche européenne de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs. C'est-à-dire au premier plan. Ce ne serait pas la première fois qu'un ancien bankster, complice des arnaques boursières de la dernière décennie, se recycle au sommet des autorités publiques. Aux Etats-Unis, les administrations Bush puis Obama ont montré une grave légèreté en la matière.
Depuis septembre 2008, Nicolas Sarkozy s'est pourtant fait le chantre de la moralisation du capitalisme. Combien de fois a-t-il attaqué ces banquiers-voyous ? Combien de fois est-il monté sur des tribunes internationales pour jouer au moralisateur gauchiste de bon aloi ? Le voir adouber et soutenir, quasiment avec gourmandise, la candidature de Marco Draghi à quelque chose d'indécent ou de cynique.
Au choix.