Versicolor, de Marc Forget, Éditions XYZ, 2011
David Dupuis, jeune médecin, s'engage avec un organisme humanitaire au Sud Soudan, après une rupture amoureuse.Réfractaire à toute reprise des rênes de sa propre vie, il s'occupera de celle des autres, enfants tuberculeux, familles diminuées par la maladie, la malnutrition, la pauvreté.
Marc Forget, un ancien de La Course destination monde (en 1991-1992), nous décrit le monde de la coopération internationale, ses limites, ses réussites, le dévouement des personnes qui s'y engagent.Devenu médecin lui-même, Marc Forget a l'expérience des missions humanitaires.Parallèlement à David Dupuis, il met en scène Loïc, le meilleur ami de David. Celui-ci déroule le fil de sa vie sous forme épistolaire, de sa jeunesse perturbée jusqu'à ses retrouvailles avec David, après plusieurs années de séparation.Versicolor, c'est le titre du film que Loïc rêve de réaliser.Versicolor fait aussi référence aux couleurs que David ne peut plus voir. On peut trouver à ce titre plusieurs explications, tant il convient parfaitement à l'histoire qui nous est contée.L'auteur adopte un style télégraphique, sous forme de carnets, particulièrement dans la première moitié du livre, lorsque David se trouve au Sud Soudan. Petit à petit, le style s'apaise, se fait moins saccadé, l'urgence est moins présente. Mais elle est toujours là, prête à bondir, on sent que le drame surviendra probablement (peut-être un peu maladroitement par les lettres de Loïc ?).Les choix que font les protagonistes dans le roman auraient sans doute mérité plus d'explications, ce qui aurait donné plus de profondeur aux personnages.
Versicolor démontre le talent indéniable de Marc Forget, pour raconter des histoires prenantes, qui sentent le vécu et nous amènent ailleurs.Mais mettre sur un pied d'égalité deux personnages forts qui vivent des choses totalement différentes était périlleux et ambitieux. En chemin, on y perd un peu en émotions. Particulièrement dans la partie où on les retrouve, ensemble, en Argentine. Chaque personnage pris séparément est fort et intéressant, mais la chimie entre eux transparaît moins bien dans le style de l'auteur.
C'est dommage, mais ça ne gâche pas l'intérêt de ce livre, pour le monde qu'il nous fait entrevoir, et la découverte d'une nouvelle plume talentueuse québécoise.
L'article de La Presse, par Marie-Claude Girard
L'entrevue avec Michel Désautels sur Radio-Canada
[Lætitia Le Clech]
Humeur musicale : Mark Berube and the Patriotic Few (vu cette après-midi au lancement du OffTA)