Cet article résume la suite (première partie: Petits rappels sur le nucléaire) du débat sur le nucléaire en présence de Greenpeace que j’ai suivi avant les séismes récents au Japon et la catastrophe de Fukushima. Le combat de Greenpeace contre le nucléaire ne date pas d’hier, et beaucoup d’autres organismes environnementaux y sont opposés et appellent à un véritable choix démocratique sur la question (les signataires de l’appel au gouvernement). Sommes-nous prêts à vivre avec une technologie risquée ? Nous informe-t-on objectivement sur ces risques ? Quelles leçons ont été tirées 25 ans après Tchernobyl ?
Tout le monde a bien sûr en tête la déclaration que le nuage radioactif s’était arrêté aux frontières de la France en 1986. Cette déclaration est symptomatique des troubles autour de cette technologie, devenue une fierté dans les pays qui l’ont adoptée. Voici une liste de plusieurs mensonges ou faits passés sous silence, mais dont les associations comme Greenpeace se souviennent bien :
Le nom respect d’accords internationaux par la filière nucléaire : le non respect du moratoire par la France sur les essais aériens (article précédent), le déversement de déchets radioactifs dans la baie de St Mandrier près de Toulon, 23 ans après la convention de Barcelone de 1976 qui vise à réduire la pollution dans la zone de la mer Méditerranée.
Des fûts de déchets radioactifs à Hurd Deep, Mer du Nord, jetés en mer par la Grande Bretagne entre 1950 et 1963 (© Greenpeace / Newman, Gavin)
Des solutions inexistantes pour les déchets radioactifs malgré les promesses au lancement de la technologie: le 12 mai 1993, la Convention internationale de Londres interdit définitivement le déversement en mer de déchets radioactifs (suite aux images de Greenpeace voulant stopper le déversement de fût en mer, voir vidéo extraite de « Le cauchemar du nucléaire »), ou encore les fausses solutions de recyclage en Russie :
Déchets, le cauchemar du nucléaire par arte
Le coût du démantèlement des centrales nucléaires et de toutes les machineries qui entrent en contact avec des éléments radioactifs : pour un parc de 11 gigawatts, le Royaume Uni a estimé à 103 milliards d’euros le démantèlement. Soit avec les mêmes techniques, 589 milliards d’euros pour le parc français. La Cour des Comptes a émis en 2005 des inquiétudes sur les estimations d’Areva et EDF, sous-évaluées.
Si les banques investissent tant dans les projets nucléaires (13 milliards pour BNP Paribas), c’est aussi parce que l’Etat, soit donc le contribuable, se porte garant, aucune assurance souhaitant assurée cette technologie. Ainsi, quand il n’y a pas d’accident et le démantèlement n’est pas pris en compte, le coût de l’énergie nucléaire est relativement faible. Cependant, la catastrophe de Tchernobyl a coûté plus de 500 milliards de dollars en 25 ans aux différents pays concernés.
L’échelle INES de la classification des risques liés à un incident ou un accident nucléaire est totalement arbitraire : le seul indice retenu est l’occurrence d’exposition, alors que la classification devrait prendre en compte le risque intrinsèque, l’occurrence d’exposition, la durée, la fréquence, la parade face à l’accident. Ainsi, l’ « incident » de la centrale de Forsmark en Suède qui, à quelques minutes près, aurait pu causer un accident comme Tchernobyl, a été classé « 2 » sur l’échelle INES. Des zones à risque existent en France comme au stade de Gueugnon, qui repose sur 235.000 tonnes de déchets radioactifs :
Nucléaire le scandale des déchets enfouis sous… par TVKASOS
Les autorités le disent : le risque zéro n’existe pas. Le débat sur les aspects techniques n’a ainsi pas lieu d’être. Souhaitons-nous vivre avec ce risque ? Souhaitons-nous léguer aux générations futures la responsabilité de cette technologie ? La question est plutôt là.
Mais comment sortir du nucléaire ? Quelles sont les alternatives possibles ? Quels changements entraînent-elles sur nos modes de vie ? Doit-on revenir à la bougie ou se couper un bras ?
Bien sûr que non. Suite dans un prochain article.