Un récent éditorial du New York Times, « La Répression du Président Assad », évoque la désillusion qui a suivi la prise de pouvoir de Bachar al Assad en Syrie en 2000. A l’époque, souligne le plus influent journal américain, le jeune président qui succédait à son père Hafez avait donné l’impression de vouloir engager son pays sur la voie des réformes politiques. Aujourd’hui, il a choisi la manière forte pour éliminer la contestation, et le New York Times considère que les dernières tentatives de rapprochement lancées par Barack Obama ont été bien naïves. L’éditorial poursuit en demandant que soient exercées par la Ligue Arabe et par la communauté internationale de plus fortes pressions sur le régime syrien pour qu’il mette enfin en oeuvre une ouverture politique promise il y a plus de dix ans. Bachar al Assad a sans aucun doute tardé à tenir parole, mais la rigueur de l’analyse exige que soit évoquée une série d’éléments qui sont venus compliquer sa tâche. Il a pris les rênes du pouvoir en juillet 2000, et s’est retrouvé confronté à une suite ininterrompue de menaces ou de crises. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont radicalement changé la donne au Moyen-Orient. L’administration de George W. Bush s’est lancée dans la guerre contre le terrorisme et a renoncé à faire progresser la paix entre Israël et les Palestiniens. Damas a été dés 2002 placé sur la liste du Département d’Etat des commanditaires du terrorisme international. Son voisin l’Irak a été envahi en 2003, et le régime syrien s’est senti menacé, tout comme son allié iranien. La crise au Liban qui a commencé en 2004 a culminé avec l’assassinat en 2005 du premier ministre Rafic Harriri, dont la Syrie fut accusée. Damas, sous la pression, a dû évacuer ses troupes de son voisin levantin. Puis l’invasion israélienne du Liban sud en 2006, un bombardement israélien en 2007 du territoire syrien, une opération israélienne contre Gaza en 2008, ont alimenté les craintes syriennes de se voir entraîner dans un affrontement inégal avec l’état hébreu. L’arrivée d’Obama à la Maison Blanche en janvier 2009 a desserré l’étau, et les soupçons dans l’affaire Hariri se sont éloignés. Un ambassadeur américain a été envoyé à Damas. Mais les soulèvements dans le monde arabe à partir de la fin de 2010 ont lancé un nouveau défi au régime syrien, qui doit impérativement sortir de dix ans d »immobilisme.
New York Times