Dans le livre, les familles bougeaient avec tout leur barda, dans une caravane et allaient de plantation en plantation pour trouver du travail et vivre tant bien que mal. Le tableau n'est plus aussi noir mais regardons bien. Aujourd'hui, on bouge de ville en ville, de pays en pays, pour une raison principale : le travail.
Le travail est en fait la base de notre organisation. On va là où se trouve le travail. Donc de nomade du 18e on est passés à nomades du 21e mais on est toujours nomades. On promène toujours notre barda et on bouge là où l'entreprise veut bien nous envoyer.
Des histoires d'expatriés il y en a plein comme ça. Ca ne marchait pas en France alors on est allés voir ailleurs ou alors l'entreprise a décidé d'ouvrir un bureau à Prague et vous on y est allé parce que cela représentait une promotion. Mince l'entité s'est fait rachetée par une autre boîte alors l'an prochain c'est en Argentine que tout le monde part, d'autres rentreront en France. En attendant papa est parti et la famille reste pour finir l'année scolaire…moments difficiles.
Dans les communautés d'expatriés, c'est toujours pareil. On attend une mutation, on ne sait pas où on sera, on se pose des questions, on ira où l'entreprise voudra bien nous envoyer. Bien sûr les conditions financières et de vie des nouveaux nomades ne sont pas celles des familles dépeintes par Steinbeck mais dans les deux histoires ce sont des nomades. Ils ne changent pas à chaque récolte mais ils changent à chaque contrat.
Par plaisir ou par obligation, le nomadisme moderne a ses contraintes et ses interrogations. Le manque de visibilité et l'instabilité, mais n'est-ce pas non plus le prix à payer pour avoir un meilleur job et/ou une meilleure qualité de vie ? Bouger pour survivre, bouger pour avancer, bouger pour avoir une promotion.