Et voilà un mois d’avril rondement torché. Fini. On n’en parle plus. Passons à présent au mois de mai, dans l’odeur un peu grasse des saucisses CGT grillées sur les barbecues de FO alors que les syndicats rassemblent mollement leurs troupes hagardes. Et puisque c’est dimanche et qu’il fait plutôt beau, c’est le moment idéal pour quelques réflexions décousues et de bonnes crêpes au sucre.
J’ai été tagué par l’Hérétique et j’inaugure donc ce joli mois de mai avec une réponse circonstanciée à son billet dans lequel il bouleverse tout ce que nous avions pu imaginer à son sujet : en 2012, il va voter Bayrou au premier tour. Ou blanc s’il fait défaut et que Borloo n’arrive pas à concrétiser ses petites lubies présidentielles. Plus intéressant, il nous apprend qu’au second tour, il préférera toujours un socialiste à Sarkozy pour éviter de se le recogner cinq ans de plus.
Eh oui.
C’est aussi ça, le plaisir de la démocratie telle qu’elle est pratiquée en France : chaque scrutin ressemble de plus en plus au choix proverbial entre la poire à lavement et le sandwich au caca. Dans les divers billets que j’ai pu lire ici ou là, on s’enfile généreusement l’une ou on déguste en souriant le second, dans une décontraction qui me laisse un peu pantois, à vrai dire. Je suis même un peu surpris que l’Hérétique entre ainsi dans la danse, pour le second tour.
Les goûts et les couleurs …
Pourtant, c’est très simple : au premier tour, vous aurez le choix parmi, normalement, une douzaine de clowns à roulettes qui proposeront tous des lendemains pas top mais mieux que ceux de Sarkozy. Y compris Sarkozy qui nous jurera, la main sur le coeur, qu’il fera encore mieux que ce qu’il a fait pendant cinq ans.
Et au second, vous aurez le choix entre deux crétins thermophiles issus des abrutis précédents. Il n’y aura pas de nouveau candidat lors de ce second vote, même si un bulletin « Ils sont tous nuls, on en veut d’autres » arrivait en pôle position.
En plus, on sait pertinemment que seuls trois de ces parasites patentés ont une chance d’arriver en deuxième semaine : Marine, Nicolas et l’hypothétique candidat d’une gauche aussi farfelue qu’étendue. Disons Hollande pour pouffer cinq secondes. Autrement dit, le premier tour va juste permettre de se faire des petits gouzi-gouzis dans le ventre.
(Non, Bayrou n’a aucune chance. Borloo non plus. Arrêtons de nous leurrer deux secondes. Personne n’y croit, même pas eux : à eux deux, ils ont le charisme d’un teckel humide.)
Rien qu’à ce point de la description, tout être normalement constitué devrait être terrorisé : pendant les cinq années écoulées, les ministres et le président se seront relayés pour jeter, consciencieusement et en testant des douzaines d’angles d’attaque, des colombins plus ou moins volumineux dans un ventilateur républicain dont la vitesse n’a pas arrêté d’augmenter au fur et à mesure qu’on s’approchait des élections suivantes.
Et on nous propose donc de doubler la cadence. Miam.
En effet, soit on chope une sarkozista carabinée qui nous cloue au lit pendant encore un quinquennat, soit on récupère un de ces brillants énergumènes qui fera exactement pareil que le précédent, mais en prétendant faire l’inverse : vous croyez vraiment que parce que ce sera la gôôche qui passera, la dette du pays va disparaître, pouf ? Vous pensez que parce que la droite restera, le pays va sortir du gouffre ? Vous pensez que grâce aux actions énergiques faites par votre poulain, dans un pays avec 0 marge de manœuvre, 150 milliards de déficit DE PLUS par an, on va retrouver des jobs, de la croissance et des petits morceaux de chocolat gratuit avec le café ?
Il est où, exactement, le candidat avec 450 milliards de fonds propre qui va nous redresser tout ça de sa poche ?
Non, décidément, je ne vois pas exactement pourquoi le vote du premier tour serait déterminant. Ni le vote du second tour.
En fait, même la peur de Marine Le Pen au second tour aurait tendance à me motiver à ne pas aller voter du tout : non seulement, ses chances d’arriver au second tour sont microscopiques, mais il faudra encore les ajuster nanométriquement au second. Passons à présent la surmultipliée en mode science-fiction, et imaginons qu’elle soit élue. Bing, elle aura toutes les peines du monde a avoir simplement un nombre décent de députés. La France sera totalement ingouvernable, à l’arrêt total.
Une France à l’arrêt total sur le plan du gouvernement, se serait … comme la Belgique, par exemple : croissance retrouvée, arrêt des gesticulations présidentielles, atermoiements rigolos dans les journaux, et le peuple qui s’occupe de ses fraisiers. Difficile de trouver ça triste.
Et si l’on revient sur terre, on se rappellera qu’elle ne sera jamais élue. Dès lors, à quoi bon donner une légitimité à ces frétillants anus ? Pourquoi s’ennuyer à aller voter blanc ou nul, alors que si l’abstention fait 90%, le président élu n’aura aucune légitimité et qu’enfin, le message « Qu’ils s’en aillent tous » sera passé, bien plus efficacement que les jérémiades hypocrites de l’autre stalinien psychotique ?
En 2012, faites comme moi : éteignez votre télé, reprenez deux fois des pâtes, et ne votez pas.