Petit retour sur les Césars, après Tout Ce Qui Brille, et un autre film récompensé : le Nom des Gens, de Michel Leclerc. Satire politique sur fond de comédie colorée, ce deuxième long (après J’invente Rien, réunissant Kad Merad et Elsa Sylberstein en 2005) réunit parfaitement plusieurs ingrédients pour offrir une fausse provocation politicienne, mais une vraie histoire d’amour.
Arthur Martin a un nom très commun, trop sans doute. Bahia n’est pas brésilienne. Tous deux se rencontrent à contre courant, lui cherchant à limiter les risques épidémiques, elle a faire basculer le maximum de fachos de droite à gauche en couchant avec eux. Pensant qu’Arthur est forcément de droite, la jeune femme démarre une relation qui va durer un peu plus que d’habitude.. Comédie contemporaine, plantée entre deux élections présidentielles (2002, le drame Jospin pour Arthur, 2007, le drame Sarkozy pour Bahia), Le Nom des Gens jouent gentiment avec la société française, ses aspects politiques (les vrais de droite, le faux de gauche) sans forcément s’attarder sur ça. Sur la forme oui, car les deux personnages principaux en font le thème de leurs dialogues. Sur le fond, pas forcément ; on parle avant tout d’eux, de leur histoire, de leur rencontre. Comment Arthur, gentil et posé, débarque dans la vie d’une jeune femme plus jeune, plus entêtée sur les combats sociaux, entre mariage blanc et absence de sous vêtements. Comment Bahia débarque dans le quotidien d’Arthur, casse tout sans forcément forcer la serrure. Car passant les préjugés, le film démontre aussi que selon nos croyances, religieuses ou politiques, le dialogue reste possible.
Simpliste sans doute, manichéen mais pas trop, le Nom des Gens n’est pas un combat à charge, mais plutôt une satire romantique. On en ressort plutôt content, heureux de voir l’énergie d’une Sara Forestier décidément promise à un bel avenir, du plaisir bon enfant d’un Jacques Gamblin cabotin, d’un Zinedine Soualem tranquille comme toujours. Quelquefois trop malicieux, pour éviter d’être trop sérieux, le film se permet le guest de luxe, Lionel Jospin en personne, sorte d’ange descendu des cieux pour parler à Arthur avant de voir débarquer Nicolas au pouvoir. Fortement ancré dans la vie française, des répercussions de la France occupée aux échos de la guerre d’Algérie, le film retrace efficacement 50 ans d’histoire, sans jamais trop se poser sur ses acquis. Foisonnant d’idées, nous voici devant un portrait positif de la vie d’aujourd’hui, faussement réel certes, mais tout ce positivisme nous emporte. Une belle surprise donc, loin de la contingence habituelle, ou des tentatives des donneurs de leçon. A méditer, donc.