Ash est exécuté sur la chaise mais il a le droit à une seconde chance. Le Comité des Anges lui propose de revenir sur Terre pour qu’il sauve des victimes d’erreurs judiciaires. Il est aidé par Angel, son gardien. Très vite, il va s’apercevoir que les affaires qu’il va suivre sont liées à la sienne.
Ki-oon en avait bien parlé sur son site et il faut admettre que le résumé était séduisant.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Ki-oon a encore frappé juste. The Innocent traite du sujet de la justice, enrobé d’un filet de fantastique, mais sans perdre l’idée de départ. Le héros est donc un innocent, condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Mais ce n’est pas lui qui fait office de critique contre le système. Lui est plutôt détaché de tout cela et même quand Angel lui annonce qu’il est mort, sa réponse st explicite: « ah bon! ». Non, pour que le message ait plus d’impact, ce sont les avocats qui critiquent le plus ouvertement le système qu’ils fréquentent de l’intérieur. Ils sont conscients des faiblesses de la justice et tentent vainement de le changer. Tout le manga tourne autour de ce message.
Mais la qualité première du manga est avant tout son atmosphère noire, délicieusement injuste, mais superbement dessinée. La couverture avait d’ailleurs été l’élément qui m’avait le plus attiré dans ce one-shot. Alors je sais que parfois, c’est assez trompeur (je pense par exemple à Immortal Rain) mais ce n’est pas le cas ici. Chaque planche est dessinée avec soin et détails, pour nous offrir un résultat frôlant la perfection. Bon, ce n’est qu’un avis personnel bien sûr mais je ne pense pas qu’on puisse qualifier le dessin de mauvais, sincèrement. En même temps, quand on voit qui est l’origine du projet, le résultat ne pouvait qu’être bon (Avi Arad, producteur de Spiderman et X-Men, et Junichi Fujisaku, scénariste de Ghost in the Shell: SAC). Les yeux ressortent particulièrement, surtout ceux de Ash, qui ne renvoie pas grand chose, à part le côté détaché de cet homme, et les décors sont simplement sublimes, à la fois simples mais travaillés.
Une des planches que je préfère
En effet, Ash se présente plutôt comme une sorte de spectateur malheureux de ce système (surtout qu’il est un esprit), dont il a été victime mais qui, paradoxalement, ne cherche pas à le changer. Sa mission est plus simple puisqu’il s’agit d’une bonne vieille vengeance. Ce qui surprend en particulier c’est son comportement. Il est très peu expressif, mis à part lors des révélations douloureuses pour lui. Mort, en vie ou en « esprit » (appelons-le comme ca), Ash demeure impassible. Il voit les choses qui se présentent comme normales et ne cherchent pas à leur donner un sens particulier ou une explication rationnelle. Ce qui doit arriver arrivera.
Les autres personnages ne sont pas en reste. Angel, gardien de Ash et copie conforme de Rukia (Bleach), peut paraitre énervant (car c’est un homme) au début mais dévoile petit à petit son passé, ce qui le rend sympathique, en partie parce que son côté humain ressort. Il cherche à freiner Ash dans son désir de vengeance mais le comprend également. Il essaie constamment de ne pas prendre position. Pour les autres, ils représentent un peu les mauvais côtés de l’homme: tromperie, manipulation, complot, égoïsme, et j’en passe. Le méchant est curieux, complètement à l’ouest mais tueur implacable. Toutefois, à cause de son caractère spécial, il est parfois difficile de le voir vraiment mauvais.
Et j’en arrive à mon point noir. Le manga est à mon goût expédié. Prenons justement le méchant. Il cache des choses (notamment sur ses « capacités ») mais au final, on ignore tout le concernant. Mais il n’est pas le seul. Angel fait aussi partie de la série « incomplète » car plusieurs fois, il fait allusion à un cas similaire à celui de Ash mais sans entrer dans les détails. De plus, lui aussi a un passé trouble et on sait des choses sur lui, sans pour autant avoir le fin mot de l’histoire. Si la trame principale est gratiné d’une fin tout à fait convenable, il n’en va pas de même pour tous les éléments, alors qu’ils étaient pourtant bien présents. C’est la seule critique que je formulerai sur ce one-shot. Même si ca ne gâche pas forcément le scénario, on reste un peu sur la fin car certains points incomplets sont mentionnés parfois avec insistance.
Mais à part ce petit raté (que l’on pourrait voir comme une maladresse), The Innocent reste un excellent one-shot américano-nippon-coréen, avec un dessin magnifique et un sujet bien traité et important. Personnellement, je pense qu’il aurait fallu un second tome pour achever totalement les petites histoires secondaires qu’on attendait.