De retour du colloque "Perturbateurs Endocriniens et Biodiversité" organisé par le RES (Réseau Environnement Santé) et le WWF au Muséum national d’Histoire naturelle.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des molécules capables de mimer l'action des hormones. Ils proviennent essentiellement des activités humaines et on en trouve notamment dans les plastiques, les rejets industriels, les pesticides... Leurs noms vous sont sûrement tristement familiers: bisphénol A, PCB, phtalates, distilbène...
Nous sommes cernés par ces substances chimiques. Si les médias vous parlent surtout des sources provenant de plastiques, de l'alimentation, de l'eau... elles représentent moins de 10% des PE absorbés! En fait, environ 90% des perturbateurs endocriniens sont inhalés.
Leur dangerosité tient au fait qu'ils peuvent agir en infime quantité (de l'ordre de quelques nanogrammes), rendant parfaitement inefficaces la plupart des méthodologies habituelles reposant uniquement sur des seuils de toxicité (ex. pollution des cours d'eau). Or, les hormones jouent des rôles clés dans les organismes: reproduction, croissance, développement... autant de mécanismes pouvant être fortement altérés par ces PE dès lors d'expositions répétées (même à petite dose) ou à des phases clés où l'organisme va être plus sensible. Exit les seuils élevés retenus habituellement: à l'heure actuelle, ils sont incapables de détecter les substances susceptibles de représenter un danger pour la biodiversité (et nous-même au passage).
L'une des études menée dans le cadre du projet Seine-Aval a ainsi montré que 350g de moules accumulaient en 13 jours l'équivalent d'une pilule contraceptive, alors qu'au quotidien, les quelques nanogrammes de PE dans l'eau n'inquiètent personne... Heureusement, elles ne sont pas proposées à la consommation, mais tout de même, cela révèle les doses libérées dans la nature.
Difficile de rester passif face à un tel constat dont la responsabilité incombe à l'inaction des politiques faisant preuve d'une lâcheté sans limite face aux lobbies industriels cherchant à éviter les règlementations en matières de pollution des milieux. Il faut éduquer la population pour exiger des mesures bien plus sévères et des fonds pour mener des études et mieux comprendre les mécanismes d'action. A l'heure actuelle, les chercheurs peinent à trouver des financements. Alors un conseil: le WWF a produit une excellente synthèse téléchargeable, je vous encourage à la lire et A LA DIFFUSER: "Perturbateurs endocriniens et biodiversité"
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