Chronique du dimanche 1er mai.
Toulouse a perdu sa couronne les armes à la main face à une superbe équipe du Leinster. Les Toulousains se sont inclinés après avoir magnifiquement lutté mais pouvaient-ils gagner ce match ? J’ai peur que la stratégie choisie par l’entraîneur Toulousain ait condamné son équipe à subir la rencontre et à laisser le Leinster imposer son jeu fait d’alternances entre puissance et vitesse. Explications…
Une composition d’équipe qui condamne Toulouse :
La stratégie de Guy Novès était certainement de déplacer le ballon et de produire le maximum de jeu pour obliger les Irlandais à courir après le ballon. Le manager français comptait sûrement sur une bonne conquête en mêlée, évidemment, mais aussi en touche. Du coup, il a composé une équipe faite pour gêner les Irlandais dans les airs et pour être le plus mobile possible. Cela explique son choix en 3ème ligne avec Nyanga et Bouilhou pour encadrer Picamoles. Les 2 troisièmes lignes avaient pour mission de composer un alignement à 4 avec Albacete et Maestri pour mener la vie dure à leurs adversaires, les empêcher d’avoir de bon ballons, voire même de permettre à son équipe de monopoliser le contrôle de la balle, donc du jeu.
Le problème de ce choix de 3ème ligne, c’est qu’il peut uniquement marcher si les Toulousains gardent le monopole de la balle et multiplient les temps de jeu en insistant sur les extérieurs. Ils peuvent espérer surprendre leurs adversaires par la vitesse des trois-quarts. Ainsi, le choix de Poitrenaud en lieu et place de Jauzion complète ce choix en apportant plus de vitesse et plus de mobilité sur les extérieurs. Avec des 3ème lignes capables d’être plus rapidement autour du ballon, Toulouse devait, selon la tactique, soit être capable de gratter les ballons sur les attaques Irlandaises, soit provoquer des surnombres dans la ligne.
Là où la machine s’est grippée, c’est que la touche n’a pas joué, dans ce match, un rôle prépondérant. Non seulement il n’y en a pas eu autant que cela, mais, en plus, les Irlandais se sont sortis du piège Toulousain sans trop de problème. En tout cas suffisamment pour avoir des ballons à jouer. Et là, d’un coup, Toulouse se retrouvait en position de faiblesse, ce qui explique aussi le nombre de fautes commises. C’est là où Guy Novès a, à mon avis, fait une erreur. En choisissant une telle tactique, il a fait le sacrifice de la puissance au profit de la mobilité. Face au Leinster, au moins sur ce match, ce choix s’est révélé rédhibitoire. En effet, même si le Leinster est une équipe qui produit beaucoup de jeu, elle reste une équipe puissante qui possède des poids lourds avec une 3ème ligne royale dans sa capacité à peser sur les défenses – O’Brien – Heaslip – McLaughlin puis Jennings et un 5 de devant capable de porter la balle avec Healy, Strauss et Hines très disponibles et bien soutenus aujourd’hui par Ross et Cullen. Ainsi, comme les Irlandais ont beaucoup eu le ballon en 2ème mi-temps, les Toulousaisn ont subi la puissance de leurs adversaires et non pas eu les armes pour répondre, même avec l’entrée de Thierry Dusautoir. Du coup, la défaite a paru inéluctable à cause principalement de la tactique choisie par Guy Novès.
Une association Sowerby – Picamoles – Nyanga qui aurait pu marcher ?
Bien sûr, après le match, il est toujours plus facile de dire ce qu’il fallait faire. Mais au regard de la puissance Irlandaise, Guy Novès n’avait pas beaucoup de solutions. Son premier problème, et cela a été à mon avis un élément décisif, a été l’absence de Romain Millo-Chluski. Si l’on considère que le match a basculé sur une mêlée Toulousaine enfoncée donnant la pénalité du 22-20 qui permet aux Irlandais de passer devant. Si l’on considère qu’il a manqué de la puissance aux avants stadistes, il est évident que l’international français a manqué. Et il a d’autant plus manqué que le manager Toulousain a décidé d’alléger sa 3ème ligne. Du coup, tout devenait compliqué pour les avants Toulousains. Comme le piège de la touche s’est révélé un flop ( difficile à prévoir avant le match ), les Toulousains étaient désarmés dans l’axe et l’ont payé en fin de match malgré la magnifique prestation de leurs trois-quarts.
Quelle était la solution pour contrer la puissance Irlandaise en considérant que, de toute façon, ils auraient des ballons à jouer et qu’ils réussiraient à alterner axe profond et jeu au large, ce qui est actuellement leur marque de fabrique ? Dans l’effectif Toulousain actuel, il n’y avait pas d’autres solutions que d’associer Picamoles en 6 et Sowerby en 8. C’était risqué mais Guy Novès a déjà tenté l’expérience dans le passé et cela s’était plutôt bien passé, même si ce n’était qu’en championnat. Avec Yannick Nyanga programmé pendant 50 minutes à couvrir un terrain immense pour compenser le manque de mobilité de ses partenaires, le coup était jouable. Le flanker Toulousain est en très grande forme actuellement et il a les moyens physiques de se sacrifier pendant une petite heure de jeu. Ensuite, l’entrée de Thierry Dusautoir en joker devenait un coup de maître qui, peut-être, aurait pu changer le cours du match. Alors que, là, dans une configuration où Toulouse subissait de plus en plus, le capitaine de l’équipe de France n’a pas pu peser sur le cours des choses.
Quoi qu’il arrive, le coup est passé prêt et les Toulousains sont morts les armes à la main. Bravo aux 2 équipes pour le magnifique combat qu’elles ont livrées et le bien agréable moment offert même s’il se termine sur une énorme déception pour les Toulousains…
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