Oui, on a le droit d’aimer les mélodrames. Surtout lorsqu’ils sont de qualité. Ca tombe bien parce que Shana Feste, nouvelle venue mais déjà experte en la matière (voir son The Greatest pour s’en convaincre), semble affectionner tout particulièrement le genre, et le mélange un peu gnangnan, mais toujours digne, entre failles existentielles et renaissances sirupeuses. Après son premier film sur le deuil, tout aussi solaire que bouleversant, elle s’intéresse cette fois aux bobos à l’âme d’une chanteuse de country (Gwyneth Paltrow), alcoolique, sur le déclin, qui tente un ultime comeback entouré de son mari manager (Tim Mc Graw), d’une starlette mignonette (excellente Leighton Meester de Gossip Girl) et d’un jeune compositeur qui en pince pour elle (Garrett Hedlund, très bon, à des années lumières de Tron Legacy !).
L'héroïne est intéressante, cousine de Johnny Cash (Walk the line) et de Bad Blake (Crazy Heart) saupoudrée à la sauce Britney Spears (dont le parcours a inspiré la réalisatrice), campée par une Paltrow inspirée, qui repousse ici la chansonnette quelques années après son Duets. Certes, l’ensemble est lisse. Mais d’une douceur sucrée et émouvante, à ranger dans le même tiroir que des Rachel se marie (Demme), 28 jours en sursis (Betty Thomas) ou Pour l’amour d’une femme (Mandoki). Celui du mélodrame bien senti, dans toute sa splendeur, film de midinettes qui s’assume(nt), et qui touche au cœur plus vite que n’importe quel long discours. Voilà ce que l’on aime avant tout dans les deux premiers films remarquables de Shana Feste: cette sincérité dans le propos, dans la manière de l’exposer, de le chérir- décomplexée, sans honte. De dévoiler ses faiblesses, de dire l’amour, et de se mettre à nu, sans crainte du jugement.
Sortie France : 4 mai 2011.
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