vendredi 29 avril 2011
PHILOSOPHIE
Ce dernier livre de Michel Onfray, paru le 20 avril 2011, est un
ouvrage un peu à part dans sa bibliographie. Premier d'une nouvelle collection ayant vocation à présenter une “personnalité” et une “valeur” lui étant aussi propre que chère (ici, l'hédonisme), l'ouvrage s'affiche en deux parties : la première étant un condensédes propositionsprincipales de son auteur, la seconde laissant la parole à des invités proches de ladite valeur.Le premier volet fait songer à l'un de ses livres, “La puissance d'exister”, par son aspect synthétique et concentré. Toutes les thématiques centrales de son œuvre (une cinquantaine de livres à ce jour - une trentaine de lus pour ma part) sont ici abrégées dans de brefs chapitres : psychologie, éthique, esthétique, érotique, bioéthique et politique.Ou, en quelques mots : rompre avec l'idéalisme philosophique et enseigner le matérialisme athée, se diriger vers une psychanalyse post-freudienne, tendre vers un art du sublime et du cynisme (au sens grec - à savoir subversif et iconoclaste), promouvoir une sensualité “solaire” (libido libérée du monothéisme, de la procréation, de la monogamie et autres mythes visant à réprimer la souveraineté de la vie et des corps), travailler à une science entreprenante (ce qu'il appelle une “heuristique de l'audace” - ou, en d'autres termes, une volonté de découvertes et de créations ambitieuses ayant pour horizon de réduire tant que faire se peut les souffrances physiques -), construire un projet politique socialiste-libertaire, sur le mode proudhonien, ou “post-anarchiste” (le “post” permettant un droit d'inventaire parmi l'héritage traditionnel anarchiste afin, selon lui, de l'actualiser à la lumière des enjeux contemporains). Rien de neuf si l'on connait l'ensemble de la production d'Onfray, donc. Mais une porte d'entrée efficace pour qui souhaiterait s'y intéresser (à noter cependant que le champ lexical parfois complexe et l'usage fréquent de références chez Onfray peuvent dérouter à la première lecture).
J'y retrouve, de fait, les propositions philosophiques que j'affectionne (revenir au “sens de la philosophie antique”, mener une vie en adéquation avec sa pensée, lire le corps en résonance avec l'esprit, mettre en pièces l'hégémonie religieuse, se réapproprier individuellement son autonomie à des fins collectives, réhabiliter une hypothèse libertaire concrète, détacher l'érotisme de son carcan moralisateur, etc.), ainsi que celles que je ne partage pas (la géostratégie et l'intérêt pour les questions internationales rabaissées au rang de postures médiatiques ou le capitalisme associé au projet libertaire).
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