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Peaking Lights - 936

Publié le 30 avril 2011 par Hartzine

pl02Cette solitude béate, celle que l’on caresse de l’œil, tapi dans un duvet de soleil ou allongé face au néon cru d’une chambre d’hôpital. Des voix distantes tourbillonnent dans une forêt de songes à peine dissipés, n’ayant que peu de prise sur l’instant, coulant, tel un sablier éventré, sur d’indicibles pensées informes, morcelées. Le temps s’effiloche et rien, décidément rien, n’est en mesure de bousculer les voluptés abyssales d’un tel engourdissement des sens, flirtant à la lisière de l’éternité. Rien, sauf cette amie qui vous secoue l’épaule avec insistance pour vous demander de l’accompagner nager dans l’océan qui chatouille vos pieds. Rien, sauf cet aréopage de blouses blanches fermement déterminées à vous remettre le pouls d’aplomb. Un même chuintement de réalité, viscéralement insupportable, s’immisce bel et bien lorsque la platine cesse de parcourir le sillon de 936, deuxième LP du duo américain Peaking Lights.

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Si Aaron Coyes et Indra Dunis doivent à peu prêt tout à leur désormais ami Shawn Reed et son label Night People - celui-ci ayant derechef sorti en 2008 l’un de leurs premiers CD-R, Clearvoiant, en cassette, en plus d’un LP, Imaginary Falcons (2009), flanqué d’un EP, Space Primitive (2010), esthétiquement très proche dans ses oripeaux psyché-lo-fi - c’est pourtant sur Not Not Fun, avec ledit 936, que le couple signe son coup de maître en forme de décalcomanie auditive d’une Californie auparavant désertée. Réfugié depuis quatre ans dans le Wisconsin et coupant court à leurs projets respectifs - Numbers pour elle et Rah Dunes pour lui - c’est à l’épreuve d’hivers rigoureux et de moyens faits de bric et de broc que le duo accouche des premières et lumineuses esquisses suscitées, où l’on perçoit déjà cette volonté de concilier bruits blancs et rythmiques cotonneuses, pour aboutir enfin à cette ode adressée à leurs terres natales et baignée d’un vif écrin de soleil. Aucun disque ne suggère avec autant de candeur et de détachement les formes ondoyantes, nées de cette altération visuelle provoquée par la chaleur, se complaisant ici dans une distorsion sensuelle entre instrumentation psyché et rythmiques dub. L’une invitant au voyage, l’autre arrimant au sol. Une fois dissipées les volutes sonores de l’introductif Synthy, All The Sun That Shines pose la géométrie fluctuante de cette escapade onirique, entre voix célestes et basses ensorcelantes, que la trilogie Amazing and Wonderful, Birds of Paradise Dub Version et Key Sparrow n’a de cesse de décliner jusqu’au sommet Tiger Eyes (Laid Back), puissante pharmacopée aussi mélodique qu’addictive. Et si chaque drogue dispense ses fastes au prix d’une inévitable redescente aux relents nauséeux, Marshmellow Yellow et Summertime évitent l’écueil, distillant d’introspectives balades où le chant d’Indra joue au chat et à la souris avec un clavier en apesanteur. On l’aura compris, l’été est déjà à nos fenêtres et sa bande originale est toute trouvée.

Audio

Vidéo

Tracklisting

Peaking Lights - 936 (Not Not Fun, 2011)

01. Synthy
02. All The Sun That Shines
03. Amazing and Wonderful
04. Birds of Paradise Dub Version
05. Key Sparrow
06. Tiger Eyes (Laid Back)
07. Marshmellow Yellow
08. Summertime


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