Régulièrement ils viennent s'échouer sur notre rive.
La semaine dernière, ils étaient deux, entre 20 et 25 ans tout au plus. Le premier ne parle pas un mot de français, affirmait qu'il est venu rejoindre sa jeune épouse, avec laquelle il s'est marrié en Tunisie. Elle vit en France régulièrement, et elle est enceinte ; il est venu avec un visa arrivé à terme et ne sait comment obtenir un titre de séjour.
Je l'ai orienté vers la structure compétente au plan juridique pour l'accompagner.
La situation du second est bien plus problématique malgré son sourire jovial et sa candeur. Entré en France sans titre de séjour, il prétendait être hébergé par le premier.
Que lui dire sinon qu'il n'avait aucune chance d'obtenir un titre de séjour; l'avertir sur les risques qu'il encourt en cas d'interpellation.
Et les informer tous les deux sur le contexte politique actuel en France, qu'ils ignorent et ne semblent pas pouvoir ou vouloir comprendre.
Triste France.
J'ai dit
Plume Solidaire
LEMONDE.FR avec AFP | 27.04.11 | 12h28 • Mis à jour le 27.04.11 | 13h38
Quelque soixante-dix Tunisiens, mais aussi Egyptiens, Libyens et Algériens, ont été contrôlées mardi soir dans les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris et à Pantin. Sur ce total, "une soixantaine" ont été placées en garde à vue, et l'étaient toujours mercredi matin, "pour infraction à la législation". "Leur situation administrative est en cours d'examen", a-t-on indiqué de même source, en soulignant que l'opération policière avait pour "visée d'établir un diagnostic de (leur) situation".
La préfecture de Seine-Saint-Denis a précisé qu'à Pantin quatorze Tunisiens en situation irrégulière, tous majeurs, avaient été interpellés dans le quartier des Quatre Chemins. La police vérifiait en outre mercredi la nationalité de neuf autres personnes arrêtées. L'objectif est de contrôler l'identité de ces personnes et de donner les moyens de repartir dans leur pays à celles qui le souhaitent, a poursuivi la préfecture de Seine-Saint-Denis. Ils font l'objet d'une procédure judiciaire, et un juge devrait se prononcer mercredi sur d'éventuelles expulsions, selon la source policière.
D'après la préfecture de police de Paris, l'opération, qui a épargné un site rue du Chemin-de-Fer (19e), où des distributions de repas sont organisées par des associations, a permis d'établir que toutes ces personnes n'étaient "pas sédentarisées" : "aucun campement n'a pu être identifié".
Me Samia Maktouf, qui défend plusieurs migrants tunisiens, a dénoncé ces interpellations, estimant qu'elles "n'honorent pas la France". "Ils n'étaient pas en train de commettre un délit ni de troubler l'ordre public. Leur seule faute, c'est qu'on ait pu localiser l'endroit où ils dorment" après une petite manifestation mardi, pour demander à "être accueillis dans la dignité", a-t-elle dit. Selon la mairie de Paris, quelque deux cents immigrés tunisiens se trouvent actuellement dans la capitale "dans un état de grande précarité".
Le maire, Bertrand Delanoë (PS), a invité mardi l'Europe, et la France en particulier, à les traiter avec "humanité et dignité". Il a chargé les associations France terre d'asile et Emmaüs de mettre en place des dispositifs de soutien et d'accompagnement social et sanitaire, et d'accès à des hébergements hôteliers.