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ce salarié fusible qui nous interroge tous

Publié le 29 avril 2011 par Mister Gdec

ce salarié fusible qui nous interroge toussource : Le raco

 

je me brûle sur un parking et vous n’entendez rien… (Braves gens, dormez en paix. Surtout, ne réfléchissez pas. Fermez les yeux. L’état français veille sur vous…)

« Continuons tous, employeur, Etat actionnaire et décideur, syndicats, salariés, à ignorer les vraies causes profondes: dans dix ans on sera encore à traiter de ce même sujet…. enfin non… une certaine catégorie du personnel aura disparu par départ en retraite ou par suicide: et le problème sera réglé, enfin! », prévient le salarié père de quatre enfants. Evoquant sa « mise à la poubelle » et se disant victime de « harcèlement subi », il souligne que « ceux qui sont abandonnés et contraints de faire face à l’échec au quotidien sont très mal! Ils sont soucieux de la qualité de leur prestation, rendue impossible, sans voie d’issue! ». « Je suis dans ce segment là », ajoute l’employé. (source).

  Comme il y a de plus en plus de journées pour tout, c’est une source inépuisable d’inspiration pour les blogueurs éventuellement sujets à l’angoisse de l’écran blanc.  A ma grande stupéfaction, je viens d’apprendre qu’hier, c’était la  Journée Mondiale de la sécurité et de la santé au travail.  M’enfin ! je n’ai vu aucun collègue en parler ?! Ah si… ce bon Gérard, qui semble s’être  gourré de titre. Et puis aussi ce blog ci, que je pensais réalisé par un petit papy bien sympathique en retraite depuis longtemps qui s ‘occupait comme il pouvait, alors que l’auteur mystérieux a aussi réalisé  ce blog geek là, le bougre ! Sacrément réussi ! Cache bien son jeu… M’ai trompé, moi. Ça m’apprendra à juger au faciès… du blog.

 Mais revenons à nos moutons. Qu’est-ce que c’est que ce binz ! Comment ai-je pu rater ça ? Ah oui, c’est vrai… Trop occupé par le nouveau né. Pourtant, compte tenu du contexte économique et social, dans notre pays, le thème de la sécurité et de la santé au travail revêt une importance et des enjeux particuliers. L’OIT a élaboré un outil dont l’ambition est de se voir appliqué  dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement. Il est basé sur une approche systémique de la gestion dela Santé et de a Sécurité au Travail (ci-après dénommée SST) qui me semble relever d’une vision particulièrement technocratique et abstraite qui ne tient compte en rien des contextes économiques, sociaux, culturels et politiques dans lesquels il est éventuellement appelé à se voir utilisé. Pourtant, ces informations influent beaucoup sur la nature, la qualité, et surtout la simple possibilité des efforts et des actions concrètes entreprises en ce sens.

Le rapport de l’OIT sur le sujet précise d’ailleurs que  Le SGSST ne saurait être pleinement efficace en l’absence de dialogue social fructueux, que ce soit dans le cadre des comités paritaires de sécurité et de santé ou encore d’autres mécanismes tels que la négociation collective. Ainsi, l’engagement de la direction et la participation active des travailleurs à une mise en œuvre conjointe font-ils partie des éléments clefs d’une application réussie.

Effectivement, la précision était nécessaire. Et contre tout préjugé, pas seulement dans les pays les plus défavorisés.  Ainsi, quand on sait que l’une des priorités du monde de la santé au travail est la lutte contre les souffrances psychosociales,  déclarée ipso facto priorité du gouvernement, on aura une petite idée de ce vers quoi je voudrais vous emmener…

ce salarié fusible qui nous interroge tous

Il ne suffit pas en effet de faire des effets de manche comme aime à en faire notre si petit Président, et de les graver dans le marbre virtuel du fronton du portail du gouvernement pour que cela soit suivi d’effets attendus, urgents, et crucialement nécessaires… Et ce n’est pas là sous le coup de la seule émotion provoquée par certains faits d’actualité que j’écris ceci, mais dans l’élan de la poursuite d’une réflexion patiente et déterminée à se préciser, se renforcer, dans la durée.

Premier point de mon argumentaire pour juger de l’efficience et de la sincérité du gouvernement en la matière qui ne soit pas que d’ordre purement médiatique comme malheureusement ce gouvernement nous y a un peu trop habitué : celui des outils et des opérateurs susceptibles de relever ce défi. Comment en effet mesurer effectivement, efficacement, et le plus rapidement possible (tant le décor que je connais de l’intérieur dans le public comme dans le privé m’apparaît comme une priorité de santé publique) la situation en la matière, la quantifier, la qualifier, en faire l’inventaire à travers toutes ses caractéristiques, de manière à le traiter concrètement ensuite ?

Il se trouve que l’un des principaux acteurs qui aurait pu être en mesure de travailler sur ce sujet est hélas (pas de bol, hein…) en voie de démantèlement : la médecine du travail. Le gouvernement ayant décidé de confier ses missions à des intérêts privés, je vois mal comment les nouvelles structures, quand elles existeront, seront en capacité d’exécuter cette mission stratégique de la plus haute importance.

Il existe des experts dans d’autres structures publiques ou privées, mais en nombre notoirement insuffisant pour s’y substituer. Ce ne sont donc pas les méthodes et les outils qui manquent, mais les acteurs en capacité de les expérimenter sur le terrain. Des théoriciens du sujet, on en a déjà… Ce sont des opérateurs qu’il nous faut, pas des penseurs (même s’ils sont utiles dans un premier temps, l’heure n’est plus aux palabres savantes). La médecine du travail en est (était ?) un élément phare, que le gouvernement a la ferme intention de supprimer pour en confier la mission a des intérêts privés. Voilà qui ne nous rassure pas sur la prise en compte de cet état de faits dramatique… D’autant plus que le privé n’assume des missions de service et d’intérêt public que lorsqu’il reçoit un paiement pour ce qui apparaît pour lui comme une prestation, ce qui est très différent comme angle d’attaque du phénomène.

Pourtant, l’intérêt public, et le sort de notre collectivité française (mondial aussi…), de notre cohésion sociale n’est-il pas en jeu ?

On  est en droit en effet de se demander ce qui, en France, peut éviter que ne se reproduisent de tels drames, à mon sens pourtant évitables, desquels certaines directions (aidées en cela par certains politiques de haut vol, tels le sirupeux Xavier Bertrand, faux tendre de son état) se dédouanent si facilement… après avoir fait appel d’une décision de justice confirmant le caractère de maladie professionnelle dans un cas similaire précédent … Il suffirait donc qu’on change de tête dirigeante pour faire sauter le fusible et empêcher le court-circuit ? Manifestement, cela ne fonctionne guère…

On ne peut en outre qu’être particulièrement préoccupé par la réelle capacité du gouvernement à prendre en main ce sujet quand on voit à quel point il porte en haute estime la santé publique en France qui, quand à elle, et contrairement à ses déclarations d’intention, n’est clairement pas sa priorité : un exemple ici . Si ce dossier est traité de la même manière, je crains le pire…

La suite de mon argumentaire portera ensuite sur le fait que le gouvernement  à beau jeu de jouer les vierges effarouchées de si triste manière sur un sujet aussi fondamental. En effet, il est lui-même le pire employeur qui soit, et il va faire de ce dossier une priorité ? De qui se moque-t-on ? Comment peut-il si facilement rejeter ses responsabilités alors qu’il est le principal auteur en France, des pires difficultés psychologiques que peuvent aisément comprendre n’importe quel quidam ? Qui en effet est coupable du pire chantier de destruction d’emplois qui soit, hormis lui-même ? Ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, et donc opérer la destruction de 34 000 emplois en 2011, après tous ceux des années précédentes, sans avoir fait quoi que ce soit pour accompagner la détresse de ceux qui restent, et donc conséquemment soumis à des cadences infernales que même le  privé ne connaît plus, n’est-ce pas se comporter en prédateur libéral carnassier ?

Le triste épisode de ce salarié qui, rappelons le pour que sa fin tragique ne soit pas lettre morte, s’est immolé par le feu sur le parking de l’Agence de France télécoms de Mérignac,  n’est que la face ultime exposée médiatiquement du phénomène. Faisons tous en sorte que ce ne soit pas en vain.

J’attire l’attention de tous ceux qui ne sauraient rien de cette mort qui remet en cause notre société toute entière sur le fait, à mes yeux plus que porteur de sens, que le salarié en question  était en outre représentant du personnel CFDT et était «préventeur» depuis plusieurs années, c’est-à-dire chargé des conditions de travail, de l’hygiène et de la sécurité…. Cela ne s’invente pas. Ses mots, malgré son grand niveau de souffrance psychologique, ne sont donc pas à prendre à la légère, et ne sont surtout pas les dernières paroles d’un désespéré (certes, aussi, mais pas seulement), mais aussi et surtout les propos de quelqu’un qui savait de quoi il parlait… qui voulait nous prévenir et qui avait longtemps lutté pour lui et les autres avant d’en arriver à cette horrible et incompréhensible extrémité.

Je laisserai à mon ami Romain Jammes le dernier mot de ce (certainement trop long, mais comment creuser en ne faisant qu’effleurer ?) billet,  en reprenant à mon compte ses propos dans cet excellent article pour en terminer, provisoirement en tous cas, pour aujourd’hui.

A chaque jour suffit sa peine. La mienne est immense. Et ma colère n’est  pas prête de s’éteindre…


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