Écrit par Mutations
Vendredi, 29 Avril 2011 14:14
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Une maison à moitié ensevelie par le sable et dont porte et fenêtre, peintes en rouge, sont fermées. Au moment où nous rebroussons chemin, une fillette de 4 ans, prénommée Blanche, se détache de son groupe et nous apostrophe : «Le chef n’est pas là, tantine. La police l’a attrapé parce qu’il a fait (du) mal à Paola.» Paola, c’est le prénom de l’adolescente qui aurait été abusée par Célestin Otolo Mbele, que certains présentent comme son grand-père et d’autres comme son arrière-grand-père.
L’adolescente aurait été violée non pas une fois, mais… cinq fois, selon des témoignages concordants. La mère de l’enfant n’a pas souhaité commenter ces faits. «La Crtv est venue filmer. Donc, nous n’avons rien à dire de plus», a-t-elle lâché, laconique, signifiant par là que l’entretien était terminé.
Approchée discrètement, la principale concernée, à peine pubère, n’a pas non plus voulu dire un mot sur le sujet. «On m’a dit de ne plus en parler», avance-t-elle en évitant le regard du reporter, avant de tourner les talons. «Papa Ayissi», comme l’appellent plusieurs jeunes du quartier, faisait appeler l’adolescente, prétextant une commission que cette dernière devait effectuer pour lui. De retour, il l’enfermait dans sa chambre pour abuser d’elle sexuellement. D’après des témoignages recueillis auprès de l’entourage du présumé coupable et de la victime, le pot aux roses a été découvert le 23 avril 2011.
La petite victime, lasse des assauts du septuagénaire queutard, aurait fait part de son drame à ses parents, qui auraient appelé le présumé coupable pour une confrontation. «Devant les parents et la famille de la petite, Papa Ayissi a reconnu que tout ce que la gamine avait dit à son sujet était vrai», affirme Patrick Ndouna, président de l’association des jeunes du quartier, le seul qui a accepté de témoigner à visage découvert. C’est lui, ainsi que quelques autres membres du groupe, qui auraient fait pression pour que «ce crime ne reste pas impuni».
Selon M. Ndouna, le présumé coupable se serait engagé, par écrit, à faire soigner l’enfant, car le certificat médical établi par un médecin de l’hôpital Jamot indique que la victime souffre d’un herpès génital que lui aurait refilé son agresseur. Le même document révèle une déchirure de l’hymen et des blessures vaginales. «Il a promis que l’enfant allait être soignée lundi (25 avril dernier, Ndlr). Or, ce jour-là, alors qu’on s’apprêtait à aller à l’hôpital, il nous a dit qu’il n’avait pas d’argent, allant même jusqu’à prétendre que la maladie de l’enfant était une invention», s’indigne Patrick Ndouna.
Devant cette «mauvaise foi», une tante de la victime se résout à déposer une plainte au commissariat du 10ème arrondissement, à Bastos. Le présumé coupable, qui serait âgé de 75 ans, sera ainsi interpellé lundi dernier, avant d’être déféré au parquet puis placé sous mandat de dépôt à la prison de Kondengui le lendemain. Au quartier, c’est la consternation et l’incompréhension. «Comment cette enfant a-t-elle pu être violée cinq fois ? C’est de la sorcellerie !» s’emporte une gérante de call-box installée à l’entrée du quartier. «C’est une histoire qui fait mal. Ce que ce père a fait est mal. A son âge, on devrait avoir du respect pour soi et pour les autres», s’insurge un couturier.
Selon Patrick Ndouna, une pétition circule actuellement afin d’exiger que «le chef de bloc soit démis de ses fonctions, remplacé et qu’il reste loin du quartier. La pétition sera déposée à la sous-préfecture et à la préfecture de Yaoundé 1er».