Michel Pedroletti: Les nageurs camerounais n'ont pas le niveau des JO

Écrit par Mutations   

Vendredi, 29 Avril 2011 14:15

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L’expert de la Fédération internationale de natation (Fina), qui a animé un stage ce mois d’avril à Douala, jette un regard sur la natation camerounaise.   Comment trouvez-vous l’organisation de la natation camerounaise?
C’est mon troisième voyage au Cameroun et je trouve que les entraîneurs camerounais avec qui je travaille, dans le cadre du stage, sont très réceptifs. Je ne suis pas au Cameroun pour relever les failles de l’administration de la natation. Je suis là pour la formation des formateurs de natation, pour donner les tuyaux pour améliorer les performances des nageurs camerounais et, accessoirement, pour parler de l’importance de la pratique de la natation. La natation permet d’être en sécurité. C’est le sport le plus important pour la santé. La pratique de la natation soulage le mal de dos, l’asthme et bien d’autres maladies. Concernant l’amélioration des performances des nageurs, cela passe par beaucoup de travail, beaucoup de compétition. Pour progresser, un nageur doit améliorer ses défauts et amplifier ses qualités.
Comment jugez-vous le niveau des nageurs camerounais ?
Je crois que les nageurs camerounais peuvent faire de bonnes choses à moyen ou à long terme avec beaucoup de travail. Puisqu’ils sont talentueux. Le Cameroun me rappelle un peu la Guyane, où je suis allé en 1999 et à l’époque, j’avais trouvé des nageurs très talentueux, mais qui avaient des lacunes sur le plan technique. J’ai détecté par exemple la nageuse Malia Metella, qui a ensuite suivi un programme de travail pendant trois ans, au terme de cette préparation les résultats n’ont pas tardé. Puisque cette nageuse française a été vice championne olympique du 100 mètres nage libre.
Quel est l’impact de l’absence d’une piscine olympique au Cameroun ?
Le fait que le Cameroun ne dispose que d’une piscine semi olympique n’est pas vraiment un handicap. Car l’important pour un nageur, c’est d’avoir une piscine pour pouvoir exprimer ses qualités et même s’il n’y a qu’une piscine olympique au Cameroun, elle peut faire l’affaire. Je prends une fois de plus l’exemple de la championne française Malia Metella qui s’entraînait en Guyane dans une piscine de 25 mètres (semi olympique Ndlr), mais qui a tout de même pu devenir une grande championne. En Guadeloupe également, il y a de grands nageurs qui font le bonheur de l’équipe de France alors qu’il n’y pas de piscine olympique. Pour avoir vécu l’ouverture de la saison de natation à Douala, je puis vous dire que j’ai trouvé au Cameroun, des jeunes filles et de jeunes garçons pétris de talent. Le talent c’est bien, mais il faut lui permettre de s’exprimer à travers des compétitions organisées plus régulièrement. C’est de cette façon que les jeunes nageurs camerounais vont évoluer.
Comment entrevoyez-vous les Jeux Olympiques de Londres 2012 pour les nageurs camerounais ?
Pour les Jeux Olympiques de Londres 2012, je ne pense pas que les nageurs camerounais seront ridicules, s’ils y vont. Je vous rappelle l’anecdote des JO 2000 à Sydney en Australie où un nageur équato-guinéen avait terminé sa série longtemps après que les autres concurrents ont terminé les leurs. Puisque cet équato-guinéen avait appris à nager juste avant la compétition. Je crois qu’il y a un tel écart entre les nageurs camerounais et ceux des grands pays que le Cameroun ne doit pas fonder beaucoup d’espoir pendant les Jeux Olympiques de Londres 2012.
Même en 50 mètres nage libre, je ne vois pas les nageurs camerounais parmi les 16 meilleurs mondiaux. Il ne faut pas rêver. Un nageur de haut niveau doit avoir effectué 2500 kilomètres par an, 10 à 12 ans d’entraînement, beaucoup de musculation. On ne montre pas sur le podium des Jeux olympiques par hasard. C’est un travail de longue haleine et beaucoup d’expérience. Les nageurs camerounais doivent commencer par faire leurs classes dans les compétitions de la zone 2.