Le 21 mars sortait dans les bacs We luv New York, un album concept sur la Grosse Pomme que l’on doit aux 2 rappeurs et amis Akhenaton et Faf Larage.
Les 17 titres ne parlent pas que de la ville mais de tout ce qui peut l’entourer et être des références pour le rap et le hip-hop. Et pour savoir comment est venue l’envie de faire ce travail en commun et d’où leur provient cet amour pour New York, quoi de mieux que de poser les questions aux 2 artistes ?
C’est ce que j’ai fait pour vous lors d’un entretien très sympathique et décontracté. Bonne lecture.
Bonjour tous les 2,
Votre album We luv New York est sorti il y a un peu plus d’un mois maintenant. Etes-vous contents de son accueil par le public ?
Akhenaton : A la fois en live et sur l’album, on est très contents même si on est conscients que ce sera un travail de longue haleine mais on n’a déjà nos petites victoires personnelles car on a réussi à un peu casser certains cercles de la distribution. On a sorti l’album avec les commandes sur Internet et la grande distribution nous a pris des CD à nos conditions. Donc c’est des petites victoires. Après niveau chiffres de ventes, je ne sais pas et Faf ne veut pas savoir.
Faf Larage : C’est vrai que là, on arrive à un stade où l’on a des gros distributeurs qui nous appellent en disant « OK, on marche dans vos conditions » à savoir, nous, on ne veut pas de stock.
Akhenaton : Les stocks, ça te ruinent l’économie d’un album et on voulait se laisser le choix de travailler un album dans la longueur. Nous, l’album, on va le défendre sur scène à travers toute la France et du coup l’album va avoir une durée de vie beaucoup plus longue que les autres. Car sinon, si tu n’es pas dans le top 20 et si tu n’as pas d’airplay, tu es retiré des magasins.
Il y a déjà eu de nombreuses collaborations entre vous deux, comment est venue l’envie de faire un album entier en commun ?
Akhenaton : C’est plus le hasard des choses, on va dire. J’étais parti pour faire ce projet tout seul, et puis un jour j’en ai parlé à Faf, il a dit oui, et du coup on s’est fait réellement plaisir. C’est vrai que des collaborations entre IAM et Faf, il y en a eu quelques-unes mais moi tout seul avec Faf, c’était beaucoup plus rare. Donc on a vraiment fait passer le plaisir et l’amusement avant toute chose et on s’émerveille à nouveau de petites choses qui ne nous émerveillaient plus.
Faf Larage : C’est franchement le plus important de se faire plaisir. On fait cette musique depuis longtemps et avec peut-être un côté enfant gâté, il y a des sentiments qu’on avait oubliés et avec cet album il y a tout qui revient. J’ai l’impression d’avoir les mêmes sensations que mon premier album solo et ça fait du bien.
Et l’idée de faire cet album sur New-York, elle est venue dans la foulée ?
Akhenaton : C’est omniprésent dans nos discussions de tous les jours, mais là aussi faire un album dessus, ce sont des changements dans le rap. Après le sujet, véritablement dans l’album, il est traité sur 2/3 titres, après c’est un univers qui est intarissable car ça représente tout le rap new-yorkais. Et là comme on aime le rap on peut t’en parler jusqu’à la nuit des temps.
Vous vous souvenez tous les 2 de votre première fois à New-York ?
Akhenaton : Moi je me souviens très bien oui, c’était en 1984. Je crois que la première chose que j’ai vue ce sont les gratte-ciel et après des breakeurs partout, j’étais comme un fou. La chance que j’ai eue en allant à New-York, c’est de découvrir une ville qui correspondait exactement à mes fantasmes. C’est rare. Et très vite, j’ai eu l’occasion de rencontrer tous les groupes que j’écoutais.
Faf Larage : Oui pour moi c’est pareil, tu es dans ton rêve quand tu y arrives. Et puis tu vis New York à travers le rap, pas comme les touristes. C’est ton univers, ta passion et tu vas dans l’endroit où ta passion, elle est partout. A l’époque ça faisait encore rire en France quand tu disais que tu étais rappeur. C’est une ville qui te prend rapidement, tu as l’impression d’être à la maison en 2 jours et c’est un rêve, il y a plein de possibilités car les gens sont accessibles.
Comment avez-vous créé vos morceaux à 2 ?
Akhenaton : Ça s’est fait de manière aléatoire. Il y a des morceaux qui ont été écrits l’un à côté de l’autre en 3 heures, et d’autres morceaux qui se sont étalés sur 6 mois avec l’un qui écrit un couplet, ensuite on se voit pour le refrain etc. C’est selon l’inspiration, et il y a des morceaux qui n’ont pas passé le stade de la maquette non plus. C’est plus une atmosphère de travail qu’une technique. Et puis comme on n’avait pas de pression de dates etc, c’était à notre rythme et on n’a pas hésité à jeter certains morceaux. C’est pour ça qu’on a autant kiffé faire cet album car il n’y avait aucune barrière.
Il y a un titre intitulé This Is It en hommage à Michael Jackson. C’est une légende même chez les rappeurs ?
Akhenaton : Pour moi, le Michael Jackson jusqu’à Thriller, oui, c’est une légende. Après ce qu’il a fait, ça ne me concerne plus. Pour moi, il n’est pas le roi de la pop mais le roi de la soul, c’est très différent. J’aime tout le début de sa carrière et je pense qu’il était fondamentalement beau.
Faf Larage : Oui, pour moi Michael, c’est une légende car il a fait accepter la musique black aux blancs aux Etats-Unis. C’est là où l’album Thriller a été monstrueux car quand tu écoutes bien, il y a tous les styles et tu en as pour tout le monde.
Cet album, vous le présentez au public en tournée, les morceaux ont été retravaillés ou proposés « tels quels » ?
Akhenaton : Ils sont presque tous retravaillés. Nous, on voulait faire un spectacle qui est en mi-chemin entre We luv New York et les classiques solos que l’on peut avoir à travers notre carrière. Mais on avait une playlist tellement large au début (rires) que ça aurait duré trop longtemps. Car même si on a réduit, on était encore à 2h30. Du coup, on a retravaillé les structures pour qu’en 2 h, il y ait beaucoup plus de morceaux que ce qu’un concert de la même durée puisse offrir d’habitude. Donc il y a des morceaux qui ne se terminent pas, il y a des mixes, etc…
Faf Larage : Et puis je suis fier car on a des supers retours. Les gens sont contents dans la salle, ça crie, ça jumpe, ça lève les bras, etc… Pour l’instant, pari gagné même si chaque concert est une surprise et on ne sait jamais comment ça va se passer.
Le Mediateaseur remercie encore une fois Akhenaton et Faf Larage pour leur simplicité et leur facilité à vous mettre à l’aise. L’album We luv New York est toujours disponible dans les bacs et les artistes sont en tournée pour le promouvoir.