Ces phénomènes sont, à priori, exceptionnel et existaient déjà dans les décennies passées, mais n'étaient pas aussi fréquents. Ces décisions ne sont pas de simples orientations, elles ont un impact notamment pour les agriculteurs, forts consommateurs.
La situation est tellement inhabituelle que les services météorologique ne sont pas en mesure actuellement de faire des prévisions sur les perspectives de précipitation dans les mois à venir. Des restrictions encore plus importantes pourraient être rendues nécessaires. Mais c'est bien pour éviter cette éventualité que les préfets ont, avec une certaine anticipation, pris ces décisions.
Evidemment, certains souligneront que la situation dans certains territoires sont déjà tellement tendues (sur l'Allier par exemple) que ces décisions peuvent sembler tardives. Les préfets ne sont pas connus pour leurs engagements, sauf à appliquer les ordres du Gouvernement. Il faut donc que la situation présente un risque réel pour qu'ils s'engagent ainsi, car la seule chose qui leur fasse plus peur que le Gouvernement, c'est le risque juridique de leur action ou inaction.
Pour autant, il ne faut pas leur jeter la pierre. Les agriculteurs, connus pour leur capacité de nuisance au travers de leurs fédérations, sont les premiers concernés par ces décisions. Or le modèle agricole actuel est fortement dépendant de l'irrigation. Ils observent donc une attaque directe de leur modèle économique, soutenu par l'Etat dans les années passées. Les préfets risqueraient de se voir dédis par le Gouvernement si leur décision n'avaient pas été très fortement justifiée par des éléments techniques.
Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls dans cette position inconfortable (mais qu'ils ont construite). Les élus locaux sont confrontés à des situations similaires, induites par une volonté de se détacher d'une prise de décision trop technocratique. Ce faisant, ils ont été amenés à suivre les attentes de leur électorat, ce qui les conduit à prendre des décisions risquées. L'exemple de l'ouvreture à l'urbanisation des zones touchées par Xynthia en est un parfait exemple.
Mais, si la situation des agriculteurs est effectivement difficile, l'enjeu (pour eux, pour l'Etat, pour les finances publiques) n'est-il pas de préparer la réiteration de ce phénomène ? Plusieurs pistes de solution existent :
- Système assurantiel : cette solution est souvent mise en avant par les acteurs financiers ou d'inspiration anglo-saxone. Il présente l'intérêt de ne limiter les besoins de recours aux fonds publics, si ce n'est que la situation visée relève des catastrophes naturelles qui, en France, sont couvertes par les pouvoirs publics. De plus, le système ne sais protéger que les risques qu'il connait (et donc maîtrise). Son coût et ses perspectives d'évolution pourraient rendre cette solution inopportune pour l'agriculture face à ce phénomène.
- Modification du modèle agricole : cette solution, plus lourde et plus longue à mettre en oeuvre, devra être portée par l'Etat et l'Europe même si elle concerne les conditions de maintien d'un secteur économique face à des modifications de son environnement. Autre difficulté : il s'agit de remette en cause un modèle porté par l'Etat et l'Europe ... De plus, les denières annonces du Président, dans le cadre de la réforme des aides européennes (PAc, FEDER ...), ne vont pas dans ce sens.
- Poursuite sur le modèle actuel : c'est la solution la plus facile politiquement. Mais c'est aussi la plus risquée économiquement et pour les finances publiques à moyen terme. Car il ne faut pas se voiler la face : les agriculteurs, certes ont peur du changement, mais demanderont à ce que l'Etat porte (aussi longtemps que possible) le coût de cette poursuite.