Par Thierry Clermont
Après cinq ans de silence, l'écrivain autrichien revient en force avec trois livres. Romancier, scénariste, dramaturge, essayiste, il est toujours là où on ne l'attend pas.
«J'écris avec la respiration, pour découvrir le sacré, celui de la vie», commente Peter Handke. (Louis Monier/Rue des Archives)
Pour rejoindre son refuge, il faut dépasser l'alignement des pavillons à meulières ombragés par les lilas, emprunter une allée assombrie plantée de hauts thuyas, patienter devant le portail vaguement bleu. Au loin, c'est la massive forêt de Meudon, sous un premier soleil de printemps. Si Horace avait eu son Lebedos,Handkea déniché là, voici une vingtaine d'années, son havre d'écriture, après avoir définitivement quitté sa Carinthie, séparé de Paris «par une croupe de collines boisées». Un vrac d'objets mal identifiables, de tablettes, d'outils, d'autres babioles de plastique, fait du jardin protégé un drôle d'endroit romanesque, sur lequel veille une espèce de haut-relief en bois représentant les trois rois mages, reproduction fidèle d'une sculpture moyenâgeuse de l'église de Griffen, son bourg natal. C'est ici qu'il a écrit la plupart de ses ouvrages, depuisEssai sur la journée réussie.
Marcheur infatigable, flâneur attentif, Peter Handke prend parfois la fantaisie de franchir la tendre Bièvre et de traverser champs et sentiers pour rejoindre Port-Royal-des-Champs, carnet de notes en main. D'ailleurs, dans son Don Juan (raconté par lui-même), il fait revenir le séducteur sévillan dans l'ancien fief des jansénistes. Handke ne cache pas son admiration pour ce grand suborneur d'hommes et de femmes, considérant même qu'il «a fait du bien au monde», au point de le considérer «comme un véritable frère». Ce Don Juan très personnel était son dernier livre traduit en français (en 2006), jusqu'à la sortie simultanée de trois nouveaux ouvrages. Auparavant, il avait abordé un autre personnage mythique de l'Occident, Don Quichotte (dans La Perte de l'image ou Par la sierra de Gredos).
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