Panda Bear
Tomboy
Paw Tracks
États-Unis
Note : 8.5/10
par Olivier Morneau
Bien que son nom soit peu connu en dehors des cercles d’initiés, Noah Lennox a profondément marqué la musique des années 2000. En plus d’avoir aidé le groupe Animal Collective à créer les albums Feels, Strawberry Jam et Merriweather Post Pavilion, trois opus de pop expérimentale qui se classent parmi les albums les plus créatifs de la décennie, Noah, sous le nom de Panda Bear, a lancé trois albums solos. Person Pitch a été acclamé par la critique et bien que Tomboy, son dernier opus, n’atteigne pas le niveau de Person Pitch, aucun doute que journalistes et mélomanes seront satisfaits à l’écoute de ces superbes compositions.
La moitié de l’album était disponible sur le web depuis un bon moment déjà. La chanson titre de l’album, Tomboy, repose sur un rythme électronique qui ne serait pas étranger à Flying Lotus. La voix de Lennox, toujours autant modifiée que sur les derniers albums, apporte un aspect planant renforcé par la guitare éthérée en arrière-plan.
Il est facile de se perdre dans la musique de Panda Bear. Refrain? Couplet? Les compositions du natif de Baltimore sortent des sentiers battus, sans pour autant devenir drones ou absentes de mélodies. Surfer’s Hymn constitue un excellent exemple du talent de compositeur de Lennox. L’arpège électronique nerveuse qui se balance entre l’oreille droite et l’oreille gauche est maltraitée par un battement de tambour artificiel qui frappe à chaque temps. Il devient impossible de ne pas hocher la tête pour se laisser emporter par le courant.
Certains titres sont plus planants que d’autres. Particulièrement Drone et Scheherezade, qui s’inscrivent dans la lignée du psychédélique et risquent d’ennuyer certains auditeurs moins réceptifs aux chansons lentes. Mais les textures musicales travaillées par Noah Lennox valent le détour, et son habileté à enrober de sa voix ses compositions devrait faire taire les quelques détracteurs tapis dans l’ombre.
Le moment fort de l’album survient avec l’avant-dernier morceau, Afterburner. Sur des percussions tropicales se joint une guitare acoustique fortement modifiée. Lennox utilise sa voix pour créer le rythme et la basse s’allie parfaitement aux cordes vocales pour accentuer le désir d’aventure en pleine jungle qui se dégage du morceau. La pièce se conclut par deux minutes instrumentales parfaites pour faire danser une foule en transe. Et Alsatian Darn se base sur le même genre de mélodie de guitare pour faire avancer son rythme, tambours exotiques en moins.
Non, Panda Bear ne réinvente pas la musique sur Tomboy. Non, Noah Lennox n’a pas composé son meilleur album. Mais l’album demeure l’un des meilleurs de ce printemps, et des morceaux comme Afterburner et Surfer’s Hymn risquent de tourner en boucle dans vos écouteurs durant plusieurs semaines.