Le pianiste Ian Stewart (Ian Andrew Robert Stewart, surnommé Stu) né le 18 juillet 1938 en Écosse est décédé le 12 décembre 1985. Ses amis, sous la houlette de Ben Waters lui-même pianiste dans le groupe de jazz de Charlie Watts, se sont réunis pour lui rendre un dernier hommage dans cet album.
Une bonne occasion pour parler de ce musicien discret mais qui est à l’origine de la formation des Rolling Stones, rien que ça ! Dans sa biographie Life, sortie en fin d’année dernière, Keith Richards le guitariste des Stones évoque en ces mots sa première rencontre avec Stu « Je me suis rendu au Bricklayers Arms, un pub miteux de Soho, pour la première répétition de ce qui allait devenir les Stones. Je crois que ça s’est passé en mai 1962, une soirée de printemps délicieuse. Strip Alley, juste à côté de Wardour Street. Je me pointe avec ma guitare. Le pub vient à peine d’ouvrir. Typique serveuse blonde, pas beaucoup de clients, une odeur de bière rance. Dès qu’elle voit ma guitare elle me dit : « C’est en haut. » Et j’entends un piano boogie-woogie, des trucs incroyables à la Meade Lux ou Albert Ammons. Ca me met dans tous mes états. Je n’ai même pas commencé et déjà je sens que je suis un musicien ! J’aurais pu me trouver à Chicago ou dans le Mississipi. Il faut que je monte et salue l’homme qui joue comme ça, et il faut que je joue avec lui. Et si je ne suis pas à la hauteur, j’arrête. C’est ce que je me disais en grimpant l’escalier grinçant. Quand je suis redescendu, j’étais un autre homme. » Les Rolling Stones allaient naître, nos vies en seraient illuminées pour l’éternité. Si ! Si !
Grâce à son rôle ambigu au sein du groupe, il est souvent appelé le Sixième Stones, comme le montre son intronisation posthume au Rock and Roll Hall of Fame en 1989 avec le reste du groupe. Ian Stewart jouait des claviers sur la plupart des albums des Rolling Stones des années 1960 à 1980, même si son travail était complété par d'autres musiciens de session comme Nicky Hopkins, Billy Preston, Jack Nitzsche et Ian McLagan des Faces. Quelques-uns des exemples les plus significatifs du travail de Stewart au piano pour la période 1968–1972 se trouvent dans les titres Shake Your Hips, Stop Breaking Down, Let It Bleed, Brown Sugar, Dead Flowers, Sweet Virginia, Honky Tonk Women etc.
Pour en revenir à ce CD Boogie 4 Stu, il s’agit d’un disque de piano, blues et boogie-woogie bien entendu, très agréable à écouter, impeccablement interprété aussi, mais qui reste un album mineur dans la pléthore de CD qui sortent presque chaque jour. Par contre, pour les fans des Stones, il devient une pièce de collection puisque sur un titre, Watching The River Flow une reprise de Bob Dylan, les Stones au grand complet avec Bill Wyman sont réunis. Enfin, façon de parler, car s’ils sont tous sur la bande, chacun a joué sa partie dans son coin ou presque (Jagger a fait chez lui, une seule prise pour poser sa voix et son harmonica sur la bande avant de la renvoyer par email à Ben Waters). On notera aussi, Keith Richards à la guitare sur Rooming House Boogie et au chant sur Worried Life Blues tandis que Ron Wood y joue de la guitare.
Le CD se termine sur Bring It On Home To Me, enregistré au Festival de Montreux en 1984, avec Ian Stewart et son groupe Rocket 88. Le mot de la fin sera encore pour Keith Richards évoquant son vieux pote, « Je considère que je travaille toujours pour lui. Pour moi, les Stones, c’était son groupe. »
Watching The River Flow