Ah, ça manquait, un bon débat bien polémique avec les coups et les douleurs qui, dit-on, ne se discutent pas ! Et puis ça faisait longtemps qu’on n’avait pas lâché le troll rouvert la nécessaire discussion sur l’importance des châtiments corporels, de préférence en y adjoignant une pignouferie de presse bien croustillante pour enrober le tout. C’est donc chose faite grâce à une nouvelle campagne de sensibilisation.
Enfin, bon. Sensibilisation… Sensiblerie serait tout aussi adapté.
On a donc droit à un petit clip dans lequel une mère de famille tarte sa fille après qu’elle a renversé son verre sur la table.
Au passage, le puriste notera que le mouvement gagnerait en précision et en force si la mère accompagnait son mouvement de bras d’une rotation de la hanche qui permet d’imprimer une vélocité supplémentaire aux phalanges impactantes. En visant bien, elle parviendrait sans doute à déboîter la mâchoire de la chieuse.
La séquence suivante montre la grand-mère, témoin de la scène, qui prend la mère dans ses bras et lui présente ses excuses. Et elle a bien raison : après tout, si elle est là, elle aurait aussi bien fait de surveiller la mouflette et lui administrer elle-même le crochet du droit qu’elle méritait pour avoir flanqué par terre son verre de jus de fruit.
L’air facepalmesque de la mère à la fin de ce morceau de bravoure cinématographique montre assez clairement que la giroflée de la gamine ne l’a pas franchement calmée et qu’un bon aller-retour sur la vioque qui gâtouille remettrait tout ce petit monde d’équerre.
…
Bon, soit, mon interprétation du clip est, elle aussi, ouverte à débat. Je n’ai probablement pas saisi toutes les nuances que le réalisateur a voulu imprimer dans ce puissant message. L’idée générale est donc qu’il faut absolument tout faire pour éradiquer, complètement, les claques et la fessée de l’arsenal répressif des parents, et qu’une claque ou une fessée peuvent être amalgamés sans autre forme de procès au cas des enfants battus ou maltraités, parce que tout se vaut, ma bonne dame. Moyennant quoi, on a droit à quelques niaiseries balancées par un certain docteur Lazimi qui déclare, au sujet de la claque :
« c’est tout, sauf de l’éducation, c’est de la brimade, c’est de l’humiliation »
En fait, docteur, oui, vous avez raison. Une claque, ou une fessée, ce n’est peut-être pas une solution, mais c’est très clairement une humiliation dans le sens où le but précis de l’acte est bel et bien de rendre celui qui la reçoit … plus humble, le ramener sur terre et lui faire comprendre que non, ce n’est pas lui qui commande. Et apprendre sa place, savoir qu’on ne dit pas, qu’on ne fait pas tout ce qu’on veut, … c’est de l’éducation.
Notons ici que je ne me fais pas l’avocat de la méthode, mais bel et bien de son adéquation avec le but poursuivi lorsqu’elle est employée de façon idoine. Ainsi, la claque ou la fessée pour arrêter l’enfant qui se roule par terre de colère lors d’un caprice n’est pas incompréhensible ou impardonnable puisque le but (calmer l’impétrant et le ramener à sa juste place) sera rapidement atteint par la méthode (notez qu’il y en a d’autres, sans violence, mais aussi efficaces, et tout aussi … humiliantes).
Et c’est aussi pourquoi gifler un enfant lorsqu’il commet un faux mouvement est parfaitement idiot. Le film montre donc un cas typique où une mère fait n’importe quoi, en espérant que personne ne s’apercevra de la supercherie et de la généralisation grossière.
Le bon docteur nous sort aussi, un peu plus loin et toujours sans réaction du journaliste de garde :
« La loi interdit de frapper un adulte, la loi interdit de frapper un animal, et c’est normal. La loi doit interdire de frapper un enfant »
Sauf que la loi interdit très clairement les sévices corporels sur les enfants.
Ce qui enquiquine assez prodigieusement le docteur Lazimi, du reste, est précisément ce petit flou juridique encore d’actualité en France et en Angleterre où, nous explique-t-il, on n’a toujours pas interdit la claque au contraire des autres pays géniaux du reste de l’Europe où, simultanément, les parents n’administrent pas de claque (c’est bien connu, l’interdiction assure la disparition de l’acte) et où les enfants, de surcroît, n’en ont pas besoin parce qu’ils sont de base très bien élevés.
Pas comme en France donc, où il faut parfois faire preuve de beaucoup de patience pour supporter les gamins garçonnets jeunes déçus même après 18 ans – et encore : Cahuzac, lui, a tout de même pété un plomb, tout Socialiste du Camp du Bien soit-il.
Cette sensibilisation et ce débat sont aux contribuables et aux citoyens responsables de ce pays, finalement, ce que la claque et la fessée sont aux enfants : une humiliation.
Encore une fois, on considère que l’éducation n’est plus du domaine des parents et que seul l’Etat est en mesure de savoir, de connaître ce qui marchera avec 100% des enfants. Tous pourront se passer d’une fessée, voyons, puisque c’est l’Etat qui le dit ! On peut parvenir à parfaitement juguler les caprices de 100% des enfants en utilisant 0% de violence, et, plus important encore, 0% d’humiliation, parce que l’Etat le dit et vous explique comment faire.
Et surtout, on ne va pas laisser les parents responsables de leurs moutards : un pas de plus sera franchi dans la diminution de la sphère privée au profit de la sphère sous domination de l’Administration Officielle du Bonheur National, une nouvelle étape sera passée visant à laisser à l’Etat la charge de l’éducation des pupilles de la Nation (il n’y aura bientôt plus de parents, seulement des géniteurs).
Effectivement, docteur Lazimi, la fessée ou la claque ne sont pas toujours des solutions, et il existe très probablement, dans l’écrasante majorité des cas, d’autres solutions. Effectivement, on doit essayer d’obtenir des enfants des comportements adéquats autrement que par la violence, aussi calculée et retenue soit-elle.
Mais être parent, c’est aussi commettre des erreurs avec ses enfants, c’est aussi un processus d’apprentissage qui permet de découvrir ce qui marche ou pas. Si chaque enfant est différent, il l’est parce que chaque parent est différent. Souffrez aussi que dans ces parents, la plupart, la très grande majorité, aime ses enfants plus que tout et que chaque claque imméritée, chaque fessée trop lestement administrée sera amèrement regrettée. A contrario, chaque claque perdue ou fessée oubliée peut, en contrepartie, donner un signal clairement néfaste : « vas-y, c’est désapprouvé mais pas interdit, lâche toi, petit diablotin, tu vas faire rire la galerie et tiens que fais-tu avec cette masse ah non pas la voiture ah chplaf aïe« .
Il est facile de calmer sa bonne conscience en faisant, banalement, interdire l’acte. Il est impossible, en revanche, de rattraper un gamin qui n’aura jamais reçu de sain avertissement et qui, une fois adulte, ne comprendra pas ce qu’arrêter veut dire.
Il est simple de déclarer qu’une fessée est un traumatisme (qui ne laisse bizarrement aucune trace physique et psychiques passés les quelques minutes) ; il est plus compliqué d’expliquer ensuite pourquoi l’adulte, qui n’aura jamais eu de bornes clairement dressées autour de lui, est soudainement passé à des occupations violentes ; jamais humilié, jamais ramené à sa place, l’enfant aura grandi comme un roi auquel tout est toujours dû.
Le résultat est connu, on en voit régulièrement tous les jours.
Accessoirement, une question reste en suspend : est-ce une question fondamentale, actuellement, qui nécessite le studieux travail de nos députés ? N’ont-ils pas mieux à faire de leur temps chèrement indemnisé ?
Vraiment pas ?
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On pourra lire avec bonheur le très bon billet de Koz sur le sujet, qui arrive en plus à caser sexe dans le titre en mot compte triple.