LE MONDE DES LIVRES | 28.04.11 | 10h22 • Mis à jour le 28.04.11 | 10h22
Qu'on se le dise : l'auteur joue désormais un rôle mineur dans l'écriture d'un livre, lequel a pour chevilles ouvrières un nègre et un correcteur. Le premier, on connaît. Du second, on ne sait rien. C'est dire l'intérêt porté à la lecture de Souvenirs de la maison des mots (Editions 13 bis, 104 p., 10 €). Titre énigmatique emprunté à Dostoïevski, éditeur inconnu, auteur anonyme. Seul le prix est abordable. Voilà pour les présentations. Le correcteur d'édition est aussi appelé préparateur de copie. L'auteur, l'éditeur et le lecteur attendent beaucoup de lui : “L'importance croissante, immense même, prise récemment par le correcteur est directement proportionnelle au déclin absolu de l'auteur et du nègre.” Voilà pourquoi il intervient de plus en plus souvent en conseiller historique, documentaliste, rewriter… Quand il n'y a pas de fautes, c'est normal : quand il en reste, c'est de la sienne. Nul ne se doute que nombre d'écrivains font une fausse-couche lorsqu'on leur retire une virgule. Ce livre raconte donc le quotidien d'un correcteur. Comme il est tenu à la discrétion, sinon au secret, il s'efface tout en dévoilant son vécu. Cet exercice d'équilibriste a pour vertu de le libérer de ce qui lui pèse tout en lui évitant de perdre ses commanditaires, le triangle des Bermudes au sein duquel il oeuvre d'ordinaire (Gallimard, Grasset, Le Seuil) ; mais les exemples qu'il cite et les anecdotes qu'il rapporte renvoient pour la plupart au catalogue de Grasset, quand bien même ne citerait-il (presque) pas de noms.
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