Jardins romantiques français

Par Louvre-Passion

Avez-vous entendu parler du musée de la vie romantique ? Au cœur du 9e arrondissement de Paris on passe un portail et, par un passage bordé de vieux arbres on débouche tout à coup sur une maison de campagne nichée au milieu de lilas et de clématites.

Ce musée est l’ancienne demeure du peintre Ary Scheffer (1795 – 1858). Depuis 1893 le lieu est consacré par la ville de Paris à l’évocation de la vie artistique et littéraire de la première moitié du XIXe siècle.


J’y ai visité l’exposition « Jardins romantiques français » qui, à travers une centaine de peintures, aquarelles, dessins et objets d’art, nous montre comment, entre 1770 et 1840, le « jardin à la française » géométriques et taillé au cordeau laisse la place à une nouvelle esthétique de la nature. C’est le jardin irrégulier et sensible qui offre au promeneur une variété d’impressions sensorielles, grottes, lacs et cascades, fabriques, bois qui invitent au rêve et à la méditation.

Tout commence avec le siècle des lumières, Jean Jacques Rousseau confectionne des herbiers, il publie en 1782 les « Lettres élémentaires sur la botanique » et suscite des émules dans toute l’Europe on le voit dans le tableau de Georges Frédéric Meyer, « Jean-Jacques Rousseau herborisant à Ermenonville ». Beaumarchais quand à lui fait aménager un jardin sur sa propriété proche de la Bastille. Même la haute société est touchée, en 1781, le prince Charles de Ligne écrit « Il n’est point de vertu que je ne suppose à celui qui aime parler et à faire des jardins. Absorbé par cette passion qui est la seule qui augmente avec l’âge, il perd tous les jours celles qui dérangent le calme de l’âme et l’ordre des sociétés ». Lui-même se consacre aux jardins de son domaine de Beloeil en Belgique.

Au début du XIXe l’impératrice Joséphine charge des botanistes de lui apporter des graines venues d’autres continents pour les acclimater à la Malmaison et fait peindre ses roses par le peintre Pierre-Joseph Redouté (1759 -1840). Pour sa part Napoléon reste imperméable à cette tendance « Ces niaiseries sont des caprices de banquiers. Mon jardin anglais c’est la forêt de Fontainebleau et je n’en veux pas d’autre ».

Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, la botanique devient un nouvel art de vivre que reflètent la peinture et les arts décoratifs. La pratique du jardinage conquière toutes les couches de la société, et les grands destins du romantisme s’y enracinent. Chateaubriand s’attache aux jardins de son domaine de la « Vallée au loups » (que l’on visite toujours dans les Hauts-de-Seine) et George Sand à sa propriété de Nohant dans le Berry.

Pour finir, j’ai noté que la première tondeuse à gazon fait son apparition en 1830 en Angleterre.

Exposition : Jardins romantiques français au musée de la vie romantique, jusqu’au 17 juillet 2011.