Hier soir, j’ai eu la chance d’aller voir Thor. Quand je parle de chance, ça ne veut pas dire que je m’estime chanceuse d’avoir vu ce film tant attendu par les fans de comics et les fins connaisseurs de l’univers Marvel, c’est juste qu’il passait près de chez moi, et que je l’ai vu gratos. Du coup, en y allant à la cool, mon esprit critique aurait pu s’en trouver altéré, c’est sûr qu’on est moins regardant quand on ne paye pas sa place de ciné, de parking, voire ses lunettes 3D (enfin pour le coup je l’ai pas vu en 3D, et c’est tant mieux, je déteste la 3D, c’est une grande couillonnade doublée d’une pompe à fric), mais rassurez -vous, je ne me suis pas laissée embobiner par le facteur « conditions optimales » de ma soirée asgardienne.
Étant assez étrangère à Thor et son univers, je ne me risquerais absolument pas à vouloir comparer le film avec le comics, car c’est le cassage de dents assuré, et mes dents, j’en ai besoin. Par contre en tant que cinéphile, je vais pouvoir m’exprimer beaucoup plus facilement sur mon ressenti, le but n’étant pas de casser gratuitement du Dieu déchu adepte de « l’omelette norvégienne » (j’y reviendrais).
Bienvenue sur Naboo.
Inutile de s’étendre sur le pitch du film, et allons droit au but. Le talon d’Achille de Thor réside dans son excès de mièvrerie. Thor est comme la plupart de ses films américains qui veulent en mettre plein la vue et confondent poésie, héroïsme et dimension épique avec bons sentiments, bleuette pour adolescente qui attend son prince blond super baraqué qui porte divinement bien le pantalon taille basse, et enjeu pseudo-shakespearien.
D’ailleurs à ce propos, faire un rapprochement, voire un raccourci entre Thor et Hamlet ou encore Henri V en insinuant comme je l’ai lu et entendu parfois que Kenneth Branagh en grand spécialiste de Shakespeare à réussit à insuffler le génie ou du moins l’influence du dramaturge anglais dans ce film, c’est du grand n’importe quoi. On arrête de fumer la moquette, Thor est à l’image de ce que Frankenstein était pour le réalisateur il y a presque 15 ans déjà, un film de commande maitrisé mais qui décevra au bout du compte.
La faute en est à cette volonté de vouloir faire un Seigneur des Anneaux à la sauce Walt Disney, tout en y incluant des références bien modernes et actuelles, notamment grâce au personnage de Darcy qui a un compte Facebook, un taser et s’est fait chourré son IPod par le SHIELD (trop la loose !). Et le pire, c’est que c’est peut être mon personnage préféré dans ce film ! Au moins avec elle on garde les pieds sur terre, et on ne risque pas de croiser Jar Jar Binks au détour d’un couloir du palais d’Asgard.
Vous avez raison, je n’ai pas besoin d’exagérer autant pour faire passer mon message.
L’omelette Norvégienne.
On passera vite fait donc sur la romance entre Thor et Jane Foster, tout simplement parce qu’elle est digne d’une fiction de TF1 diffusée tous les après-midi, (oui, juste après les Feux de l’Amour), et que Natalie Portman est tellement inexistante et transparente, qu’on la croit résolument ailleurs (sûrement encore la tête dans le tournage de Black Swan, elle a enchainé les deux films sans faire de véritable pose). Je n’ai rien à reprocher à Chris Hemsworth, je l’ai au contraire trouvé très bien, jouant sur plusieurs palettes, son talent de comédien n’est pas non plus digne de l’Actor’s Studio, mais au moins, il fait ce qu’on lui demande. Le top du top est la scène où le couple en devenir prépare ensemble le repas pour leurs amis : une omelette ! J’aimerais bien savoir si dans le comics aussi il est question d’omelette…
Les meilleures scènes du film se trouvent donc ailleurs, sur Asgard notamment dont la flamboyance et l’opulence contrastent forcément avec la nudité des décors terrestres de la ville désertique où Thor va échouer. Là encore je ne me risquerais pas à faire une comparaison hasardeuse avec le support BD. Et pourtant, quelques scènes auraient mérité un meilleur rendu, certains effets spéciaux ont été littéralement bâclés (lorsque Sif est poursuivie par le gros monstre bleu sur Jotunheim par exemple), c’est la honte. On retiendra aussi dans ce film que les personnages féminins sont si limités que si ils étaient absents ben, ce seraient exactement pareil… J’ai même cru voir Rene Russo, mais non c’est pas possible, j’ai dû rêver. Et Sif, je ne veux même pas en parler tellement ça va m’énerver.
On en a marre d’être reléguées à des rôles de potiche !
Iron-Man :1 – Thor : 0 Balle au centre.
Difficile de ne pas comparer Thor avec son collègue Vengeur Iron-Man, dont l’adaptation certes beaucoup plus aisée -et du coup réussie-a permis d’ouvrir la voix à tout ce que les fans de Marvel attendent en essayant de ne pas se pisser dessus : Avengers.
Tony Stark est une sorte de Thor terrestre, dont la mégalomanie et le cynisme rappellent ce que le héros Asgardien était au début de son film. On voit mal Tony ouvrir les yeux sur son arrogance et cuisiner une omelette avec Pepper Potts. Dans Iron Man, on a pas de Shakespeare à deux Livres Sterling, ni de pantalon taille basse.
Peut être qu’entre temps Captain America saura faire le pont entre l’homme d’acier et le Dieu du tonnerre, mais là encore, mes doutes persistent. Au moins, dans Avengers, je pourrais me consoler avec Black Widow…