CAN est une figure un peu trop méconnue du Krautrock, le rock progressif allemand. En effet moins versés dans les machines et l’électronique de leurs compatriotes Kraftwerk et Tangerine Dream (entre autres), ils ont cependant un petit quelque chose qui les rend différents. Pas nécessairement meilleur. Différents. Ils ne jouent pas sur la même corde ni ne mettent en avant les mêmes atouts. Porté par des musiciens doués, Damo Suzuki susurre plus qu’il ne chante. Il partage par ailleurs l'affiche avec le chanteur originel de CAN : Malcolm Mooney. L’album Soundtracks reprend un ensemble de chansons et morceaux issus de différentes contributions à des bandes originales de films.
Dans la carrière de CAN, Soundtracks représente une transition parfaite entre le premier et le second
De ce point de vue, Soundtracks est riche. Il conviendra par ailleurs à un grand nombre d’amateurs de musiques rock progressif. Sans vraiment inventer grand-chose, il propose une bonne introduction à ce que sera le groupe par la suite. Pour découvrir CAN, cet album n’est pas mauvais. De Deadlocks et son chant plaintif au très répétitif autant que captivant Mother Sky en passant par Tango Whiskyman, ma chanson préférée peut être de l’album, Soundtracks brasse large.
Certes, pour les habitués du groupe britannique cité plus haut, vous risquez de rester sur votre faim. Si vous recherchez des solos de guitares autant épiques que poignantes, passez votre chemin. La force de CAN est ailleurs. Ils ont ce côté hypnotique que je retrouve chez la plupart des groupes de Krautrock. Une touche minimaliste dans l’expérimentation. Même les sonorités très complexes d’un Klaus Schulze se révèlent parfois très simples mais terriblement bien foutues. CAN est dans cette veine. Cela s’écoute, et on se laisse transporter. Surtout qu’il s’agit bien ici de bandes originales de films. Quoi de mieux pour laisser l’imagination vagabonder ? Plus visuels que les autres albums du groupe à mon sens, Soundtracks arrive à jouer sur les deux tableaux.
Cependant, il lui manque une certaine unité, et pour cause. Si Damo Suzuki avait été le seul chanteur, elle aurait pu apparaitre. Mais la couleur apportée par MM est trop éloignée. On sort un peu du voyage même si l’itinéraire bis est attrayant. Par ailleurs, l’inventivité du groupe se ressent bien plus dans leurs prochains albums, Tago Mago en tête, voire Ege Bamyasi.
Note :
Les Murmures.