J'ai eu cette vision de moi dans un costume ridicule qui essaye de traverser un fleuve où nagent des crocodiles.
Oui.
C'était, enfin j'étais, ridicule et beau.
Un costume beige d'explorateur qui tirait parfois vers l'indiana jones parfois vers le tintin. Ça n'était pas une vision originale.
C'était naïf. Mais très puissant. Et j'ai senti mon coeur battre.
Il n'a jamais cessé de battre pourtant.
Mais là je l'ai senti encore.
Battre.
Et mes yeux piquer à cause de la transpiration, de la poussière, de la fumée, que sais-je encore du vent ou des larmes. Des larmes.
Je n'étais pas seul. J'ai eu cette vision d'un voyage romanesque et ardent. Il y avait la promesse de rencontres fortuites et inoubliables, des rendez-vous réussis, des chemins qui se séparent à tout jamais, d'amitiés à la vie à la mort et de l'humanité qui se donne la main.
Si.
Il planait également comme dans toutes les visions, l'amour, comme une possibilité, l'invité inespéré, le joker.
Il y avait l'odeur d'un truc inconnu et tout neuf.
Au milieu des caïmans, j'ai entre-aperçu cela.
Bien-sûr, il y avait aussi tous les chemins qu'on n'emprunte finalement pas, l'ennui, les problèmes et ces tentatives qui échouent. Du déchet.
Oui, aussi.
Normal, j'ai envie de dire. La vie.
Bon.
J'ai demandé et finalement, on ne pense pas pouvoir faire venir les crocodiles. Ni le fleuve.
Seulement, vous.
Viendrez-vous ?
Texte écrit par Aude Lachaise dans le cadre de l'exposition Sans vous, rien ne se fera dont le vernissage aura lieu vendredi 6 mai à partir de 19 heures.