Ses premières créations font écho à celle de son maître. « Ambre », créée en 1890, sera suivie de« Dix Pétales de Roses », « Gavotte » en 1897, « Prince Zurlo » en 1898 et « Voilà pourquoi j’aimais Rosine ». Mais par la suite, il va se démarquer et prendre à revers toutes les conventions olfactives en cherchant à constamment faire preuve d’innovation.
Jacques Guerlain va ainsi marquer la maison de son style, tout à fait unique. « Mouchoir de Monsieur » et « Voilette de Madame »
ouvrent le bal en 1904.Commercialisés par la suite, des deux fragrances seul « Mouchoir… » survivra au temps.
Jacques est réputé pour être un homme secret, particulièrement attentif aux femmes qu’il observe dans ce qu’elles ont de plus intime, dans leur façon de bouger dans un monde en perpétuelle métamorphose. Véritable muse, sa femme Lili lui inspire un certain nombre de fragrances. Au total, c’est quatre cents fragrances qu’il imagine pour combler les désirs de la gente féminine. Si la plupart de ces créations est retombé dans le silence de l’oubli, d’autres sont devenues des légendes: « Après l’Ondée » en 1906, « L’Heure Bleue », en 1912, « Mitsouko » en 1919, « Shalimar » qui initie la famille des Orientaux en 1925, ou encore « Vol de Nuit », fragrances des plus sophistiquées conçues en 1933.
Dans le grand livre des formules familiales on retrouve la trace de tous ces parfums composés pour une soirée, un événement. Des fragrances exclusives, pour Sarah Bernhardt,Joséphine Baker, Réjane et pour beaucoup d’autres, moins célèbres mais grandes dames de l’époque ou amies du couple.
Les découvertes en chimie moléculaire favorisent à la fois le développement de l’industrie du parfum mais surtout ouvrent de nouvelles perspectives aux créateurs. Jacques Guerlain possède cet esprit de curiosité familial qui l’incite à rencontrer des scientifiques, privilégier des échanges épistolaires ou amicaux avec des écrivains, bref, puiser dans ces rencontres les idées audacieuses qui constitueront les fondations de ses grandes créations. «
Ce travailleur solitaire prépare lui-même ses parfums, et personne, hormis une aide pour porter les bidons trop lourds, n’a accès à son laboratoire.
Son autorité rythme la vie de l’usine. Difficile de résister à un caractère aussi trempé, d’ailleurs nul ne semble y songer tant son empire sur l’ensemble
du personnel paraît établi.
Pour lui, un parfum ne s’impose pas,il doit ressembler à l’image que le créateur a formée en lui
d’une manière abstraite. Il ne s’embarrasse pas de fioriture inutile. Une bonne formule est une formule courte.
Jacques travailla jusqu’à un âge avancé. Que ce soit à l’usine ou dans sa maison des Mesnuls, véritable point d’ancrage familial, il ne se sépara jamais de ses mouillettes et de ses fioles.