Loué hier le documentaire « Joan Rivers : a piece of work« , un document très intéressant pour un humoriste de scène qui veut réfléchir sur l’évolution de son art avec l’âge.
Parce qu’on oublie peut-être que le chanteur, le cinéaste, l’auteur, (quand ils signent de bons contrats ha ha ha), peuvent vivre des recettes de leurs oeuvres (disque, livre, film etc) tandis que l’humoriste de scène ne peut se séparer de son oeuvre. Nous vieillissons avec notre art.
Nous sommes condamnés à travailler sur scène, et vieillir ne semble pas rendre cela plus facile. Pour les femmes, le vieillissement est le plus impitoyable, d’où l’intérêt de ce documentaire sur celle dont les chirurgies esthétiques ont masqué le talent au fil des ans.
On ressort troublé de ce documentaire qui révèle par moment de grandes vérités sur le métier de stand-up. Yvon Deschamps a toujours insisté, c’est plus dur en vieillissant les amis ! Quand on constate la quantité d’humoristes d’ici qui accrochent leur micro à l’aube de la quarantaine faut croire que cela est vrai.
Joan Rivers, pionnière de l’humour irrévérencieux féminin, a toujours été impertinente, mais de la voir, assumant tout, provoquant encore à 76 ans, cela force l’admiration.
Jérôme Lemay est partit la semaine dernière, ça m’a profondément attristé car on s’était croisé il y a pas très longtemps (nous étions voisins de quartier), il avait dans les yeux ce feu du gamin qui prépare des mauvais coups. Il était heureux de retrouver Jean Lapointe et le public, il était heureux comme on veut l’être toute sa vie.
On sait que les vieux ont pas le droit de baiser (tabou du sexe chez les aînés) mais à regarder Joan Rivers, on peut se demander s’ils ont aussi le droit d’être aussi audacieux que les jeunes. Parce que le corps vieillit inexorablement, mais l’esprit, possède ce potentiel de demeurer jeune, et parfois même obstinément jeune, ce qui est probablement le plus superbe pied de nez à la mort.
Respect Joan et Jérôme.