Je n’étais pas vraiment rentré dans l’album précédent (2009), mais je n’arrive plus à sortir de celui-là. Le trio canadien livre là pour moi son sommet. Un disque cinématographique (certains parlent de Lynch ou Aronovski dans l’univers) qui tient du miracle. A sa tête, on retrouve le multi-instrumentaliste Taylor Kirk. Et ce qui marque dans ce nouvel album c’est sa voix. Chargée d’échos comme l’aurait put l'être celle de John Lennon dans les 70’s, elle survole le disque à la fois douce et jazzy, un véritable instrument à elle seule. Un disque d’un romantisme noir absolu, qui apaise autant qu’il inquiète.
Et autant dire tout de suite qu’il y a des singles. " Creep on creepin’ in ", une ballade jazzy à tomber avec son intro slidée. "Bad ritual" et sa soul magnifique murmurée d’une voix fatiguée sur fond de piano angélique. Et ce "Black water", pure moment de musique soul inspiré des années 50/60 mais à la production très moderne. On y entend le saxophone de Colin Stetson, et comme souvent dans le disque, le pianiste fil rouge Mathieu Charbonneau.
Enregistré dans une église (très à la mode en ce moment, Jésus avait-il un groupe ?), l’album est surplombé de mélancolie et de doux spleen. Une croisière à l’instrumentalisation luxuriante mais faite de respirations. Il y a aussi des plages tribales inquiétantes ("Obelisk", "Swamp magic") qui donnent un côté psychédélique au disque façon Pink Floyd je trouve. Ca le rend étrange, déviant et onirique. Et puis j’adore le titre de ce morceau "Too old to die young", n’est-ce pas ce que l’on ressent tous en ce moment ?
En bref : disque de folk soul inquiétant et rassurant à la fois, porté par une voix qui s’est trouvée, un premier pas chez les grands.
Le site officiel
Les énormes "Bad ritual", "Woman" et " Creep on creepin’ in " :